8h : à nouveau, petit déjeuner, douche, puis j'abandonne Edouard et Joseph pour aller directement au MDAH continuer mes recherches pour constituer une base de connaissance à base d'anciens articles de journaux du Mississippi. Comme je leur disais la veille, j'ai presque l'impression d'attaquer un nouveau travail : la veille, j'étais mieux accueilli que dans certaines entreprises où j'étais nouvel arrivant, j'avais tout à disposition (le PC fixe, les accès aux outils, etc). Il ne me manquait plus que mon compte utilisateur Windows et mon contrat de travail. Une fois sur place, je fonce directement à mon poste et rencontre Joe, qui me demande comment se sont passées les recherches de la veille. Il m'a préparé quelques dossiers historiques sur la Mississippi Gold Coast, qu'il m'a photocopiés. Je reprends mes recherches.
11h30 : j'ai un peu la tête qui tourne, entre le manque de sommeil et le défilement incessant de plusieurs bons milliers de résultats de recherche que je brasse à la pelle. Voire à la pelleteuse. Ceci dit, la matinée a été très instructive. J'en ai aussi profité pour faire des recherches complémentaires sur Canton, que je ne connaissais que très peu. Je constate plusieurs choses :
- le jazz était très populaire dans les journaux, même si parfois pour polémiques
- le blues, lui, bien qu'existant à l'époque, est boudé par la presse (peut-être parce qu'il concerne une population trop pauvre et trop rurale)
- si je trouve pas mal de résultats concernant les actes racistes et les exactions du KKK, je constate que la guerre entre bootleggers et policiers, entre moonshiners et policiers, et surtout entre moonshiners concurrents est très présente dans la presse. Je n'imaginais pas cela aussi sanglant. Il va falloir que je monte le curseur de danger dès que les PJ de Tales of the Spooky South mettront leur nez dans le trafic d'alcool.
- certains journaux semblaient ne pas trop s'apprécier entre eux à l'époque (il semble y avoir une grosse rivalité entre Natchez et Canton, par exemple.
12h30 : nous retrouvons Joseph et Edouard, puis partons avec Joe Wise pour aller déjeuner ensembles. Il nous fait passer par de petits chemins et nous fait longer un ancien entrepôt de stockage de coton. Alors que nous pensons nous diriger vers un restaurant visible, le Martin's Restaurant & Bar, il bifurque et entre dans le dit entrepôt, qui est en fait un restaurant (et rien, de l'extérieur, ne le laissait présager). Nous entrons donc dans le Hal & Mal's, qui a une ambiance de juke joint. La cuisine y est très correcte, mais j'étais tellement dans le boulot que j'en ai oublié ce que j'ai pris. Au passage, on me conseille d'aller aux toilettes : la déco est très décalée, et chaque urinoir se voit doté d'un guidon de moto avec compteur de vitesse. Très amusant. Joe nous parle un peu plus de lui : ancien militaire, il a travaillé plus de 20 ans dans l'armée, avant d'utiliser son crédit études pour passer un diplôme d'histoire et travailler ensuite au MDAH, ce depuis 3 ans. Comme il nous le dit : plus intéressant et plus détendu. Nous reparlons de nos projets, et il nous conseille de prendre contact avec la Mississippi Historic Society. En cherchant rapidement, je vois qu'ils ont une antenne à Yazoo City. Cela peut valoir la peine de s'y rendre, afin d'oublier la douche froide de lundi après-midi à la mairie.
13h30 : j'abandonne Jospeh et Edouard et retourne à mes recherches. Joe me donne des billes pour trouver des cartes des villes du Mississippi dans les années 20, en cherchant les cartes administratives utilisées par les assurances à l'époque. Il me liste les différents microfilms qui contiennent ces documents. Pendant 2h30, je donne tout afin de pouvoir terminer ma liste de mots-clefs. Je trouve, entre autres, quelques articles sur la première guerre mondiale, quelques autres relatifs à la Suisse (à l'époque où il y a eu un grand débat national pour savoir si les States allaient adopter le système militaire helvétique qui, visiblement, les rendait admiratifs -ou leur faisait peur-), pas mal de pubs avec produits et prix d'époque (je cherche en particulier pour les armes et véhicules afin d'en faire des aides de jeu). Je termine ma pêche aux vieux articles : au final, j'en ai sauvegardé pas loin de 500. Ca va me faire une sacré base de connaissance à compiler au retour en France.
16h : j'abandonne mes journaux pour me lancer sur les microfilms avec les vieilles cartes. Hélas, le temps me manque et j'ai la tête qui commence à tourner, d'avoir fait tant défiler de pages, et lorsque je fais défiler les microfilms sur la machine, j'ai le ventre qui commence à faire des siennes (oui, sur les visionneuses de microfilms, l'effet de défilement est bien plus perturbant que sur écran informatique). Je décide de repasser la semaine suivante pour regarder ça plus au calme. Je reviens dans la salle des archives (cette salle fermant à 16h30) et me souviens qu'il y a un livre que je dois absolument photocopier avant de partir : les mémoires d'un nomade ayant passé quelques années en prison au Texas, en Louisiane et au Mississippi entre 1915 et 1925. Il s'agissait d'un tout petit livre dont j'ai oublié le nom, et ni Joe ni son collègue n'ont connaissance de cet ouvrage. Je remercie ma mémoire, alors : j'arrive à me souvenir de l'emplacement où je l'avais trouvé l'an dernier (vu le nombre de bouquins ici, c'est un exploit) et photocopie donc les 23 pages de "8 years in Southern Prison", un livre si petit, vieux et artisanal que je n'aurais probablement jamais eu l'occasion de le retrouver en dehors d'ici. Je quitte le MDAH et salue Joe, en disant que je repasserai probablement la semaine suivante, mais qu'au pire, je reste en contact avec lui et le reverrai l'an prochain, je l'espère à la sortie du jeu.
17h30 : nous sommes de retour à l'hôtel avec Edouard et Joseph, après avoir redéposé leur voiture de location à l'agence. Je profite pour faire le plein de Sonata sur le chemin. Nous échangeons les nouvelles de la journée. Je leur parle de mes trouvailles et découvertes. Et aussi d'un message reçu sur Facebook ce matin : hier, j'avais remis un exemplaire de Mississippi v1 à Adam et à Joe ; aujourd'hui, j'ai reçu plusieurs messages d'habitants du Mississippi sur la page facebook du jeu, qui me demandent où se procurer le livre, même en français. Après explications (plus de stock !), ils me demandent quand sera lancé le kickstarter en disant qu'ils l'attendent de pied ferme. Je fais une projection dans l'avenir qui me donne un peu le vertige : pour moi, on en est loin, mais finalement, pas tant que ça. Ca me stresse un peu, et m'enthousiasme en même temps. De leur côté, Edouard et Joseph ont poncé la visite du centre de Jackson. Nous nous reposons un peu avant d'aller rejoindre Adam et sa femme Stéphane au Bulldog.
19h : nous arrivons au Bulldog et les retrouvons. Adam me donne un carton complet de livres sur le Mississippi, son histoire et son folklore, livres qui vont compléter ma bibliographie US à la maison au retour (je commence VRAIMENT à avoir BEAUCOUP, BEAUCOUP de bouquins sur le sujet, et je ne parle même pas des supports dématérialisés). Puis nous échangeons et discutons beaucoup : Adam et Stéphanie sont très curieux des différences culturelles, et de comment nous nous imaginions les Etats-Unis avant de nous y rendre. On parle films, séries, musique (Adam est très curieux du rap français, je le branche sur Scarecrow, groupe de blues hip-hop, qu'il me dira énormément apprécier) et bien évidemment, jeux (plateau, rôle et gaming). Je profite de la soirée ici pour tester quelques bières locales (je suis trop fatigué, surtout les yeux : je laisse les clefs à Joseph) puis une Crawfish Pie en plat (très bon, je n'avais jamais goûté jusqu'à présent, et c'était un tort !). Vers 22h, nous saluons Adam et Stéphanie (que l'on reverra surement la semaine prochaine avec Edouard quand nous serons sur Vicksburg, car Adam souhaiterait faire une petite vidéo sur les différences culturelles entre la France et les Etats-Unis) et rentrons à l'hôtel. Notons quand même LA phrase de la soirée : "In USA, when you're 18, you're like you can't drink. But you could star in a porno movie, go see a whore, drive and buy a gun. Because reasons.".
22h30 : après une cigarette sur la terrasse de l'hôtel, nous remontons dans la chambre. J'avais prévu de bosser un peu, mais on passe plutôt une heure à discuter, déconner, échanger quelques musiques, et un peu avant minuit, je m'écroule en même temps que tout le monde, ce qui ne fera pas de mal.
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