6h : je me réveille sans aucune couverture, ni aucun drap. Et, une première en Louisiane : j'ai FROID ! Que j'en profite, ça ne va pas durer. Je me couvre un chouia et me rendors.
10h30 : après une belle grasse matinée (on ne fait pas un voyage d'un mois comme on fait un voyage d'une semaine, il faut nous économiser un peu, et les prochains jours vont être costauds ; et, hier soir, en rentrant, nous sommes tombés nez à nez avec Kyle, notre propriétaire AirBnB), nous regardons le temps. Selon lumière, nous irons ou non faire le swamp tour en hydroglisseur du Bassin de l'Atchafalaya. Edouard est un peu sceptique "mais ça passe". Nous appelons. Pas de bol, c'est entièrement réservé, depuis quelques jours déjà. On nous propose le vendredi, mais il est censé pleuvoir. Plus tard ? Nous serons partis. Tant pis : ça fera un prétexte pour repartir. Nous organisons un programme sur le pouce.
13h30 : après petit-déjeuner et une bonne douche, nous allons à l'Alliance Française de Lafayette, bouquins sous le coude... avant de réaliser qu'ils sont dans le même bâtiment que le CODOFIL. Pas la peine de faire double usage : nous verrons ça demain midi avec Carr pendant le déjeuner. Nous reprenons la route et mangeons sur le pouce, puis prenons la direction de Crowley. Nous arrivons à l'hôtel de ville à peu près vers 14h, et je suis reçu par une employée de l'accueil. J'explique que je écrivain français, elle s'exclame (ça nous a déjà fait ça l'an dernier quand nous sommes passés), nous demande de signer le livre d'or, je lui dis que nous l'avons déjà fait l'an dernier et reprends mes explications. J'explique donc que l'an dernier, nous étions passé dans le coin à cause de la Crystal Rice Plantation, et pour venir photographier les Ford-T de collection à l'étage. Cette année, j'avance sur mes écrits, et je compte parler de la ville de Crowley dans Tales of the Spooky South, donc j'aurais souhaité pouvoir voir quelqu'un ou avoir au moins un contact pour demander des informations à distance, le site de la mairie ne présentant qu'un numéro de téléphone. Elle me dit que le mieux est de voir avec sa collègue du service culturel et tourisme, responsable du théâtre de la ville : hélas, une de ses collègues qui s'occupait à passer son doigt dans une de ses mèches pour la tortiller lui dit que cette personne n'est pas disponible avant lundi (son geste me rappelle une collègue de Maisons du Monde, tiens). Mais, lundi, on sera déjà parti ! J'essaie de trouver un plan de secours, et propose de laisser mon mail pour être recontacté. La personne de l'accueil a soudain un flash, et me donne (suspense) une carte de visite (ta-dam, again !) avec les coordonnées mail et téléphoniques de la personne qui m'intéresse. Win en moins de 5 minutes : on repart de Crowley.
15h : nous arrivons à Jennings, plus précisément au Gator Chateau. Faute de visite du bassin de l'Atchafalaya, nous allons voir un refuge d'alligators (bébés abandonnés ou adultes blessés). Et sur la route, on constate à quel point il faut chaud. Avec l'humidité montante, le ressenti de la chaleur devient intolérable, et on se retrouve à peu de choses près comme l'an dernier. Nous arrivons donc au refuge, qui, disons-le, n'a pas l'air très glamour de l'extérieur. Nous sommes reçus par un grand gaillard affable qui nous demande si on vient pour tenir les bébés alligators. "Euh, oui, entre autres". Ni une ni deux, je me retrouve avec un petit alligator d'à peine quelques semaines dans les mains. Il est tout doux, encore plus que celui que j'ai pu manipuler l'an dernier au Lafitte's Swamp Tour. Même s'il peut mordre, il n'a pas la gueule attachée. Le responsable nous explique que c'est normal : même s'ils peuvent blesser, ils n'en ont pas le réflexe, car jusqu'à leurs 3 ans, ils sont exclusivement nourris de légume, la viande rouge arrive seulement après. Je suis assez surpris, je ne savais pas que les alligators pouvaient survivre d'un régime végétarien. Comme quoi. Je suis également surpris, sur ce bébé comme sur les deux autres de deux ans et demi que nous manipulerons, de voir que leurs dents sont quasiment translucides. Pendant que nous manipulons deux jeunes alligators, un peu plus gros et nerveux (ceux-ci ont la gueule tenue par un élastique le temps que nous les ayons en main ; l'un d'eux a l'oeil coloré comme un onyx, c'est très impressionnant), notre hôte nous explique qu'ils récupèrent de vieux blessés (l'un de ceux qui est dans un des deux bassins n'a plus aucun orteil à une de ses pattes, par exemple ; blessure naturelle ou torture, on ne saura jamais) ou de jeunes abandonnés. Lors de l'éclosion d'une portée, la mère alligator met rapidement ses petits à l'abri. Et si l'un d'entre eux sort de son oeuf sur le tard, et bien... tant pis pour lui. C'est ceux-ci qui sont ramenés au Gator Chateau. Pendant 3 ans, ils sont nourris sans aucune viande, par la main de l'homme, puis ils sont ensuite mis dans le bassin et nourris à la viande, et ne sont plus approchés que pour être nourris. Ils sont ensuite relâchés à l'âge de 7 ans dans la nature, mais dans des parcelles de bayou relativement reculées et interdites au public, où ils peuvent vivre en toute sécurité et sérénité, même au milieu de leurs congénères sauvages. C'est apparemment le fait de ne plus les approcher pendant les 4 ans où il sont sous viande qui leur permet de se réadapter à la vie sauvage assez facilement. Le processus est long mais semble rôdé. Et, miracle : pendant la visite, la vieille tortue alligator (70 ans, quand même) sort de son bassin pour prendre un peu la lumière. Victoire ! Comme pour le tatou vivant croisé la veille, nous n'avions pas croisé ce genre de spécimen (du moins pas de cette taille) l'an dernier, du coup c'est un peu un win de pouvoir en croiser une vivante et de belle taille. Nous passons ensuite à la boutique du Gator Chateau, où, vu le contexte du refuge, je me permets d'acheter quelques souvenirs à base d'alligator (un orteil en collier, quelques dents, une grande montée en porte-clef). Je me permets, en effet, car j'avais mal au coeur à l'idée d'acheter ça dans n'importe quelle boutique. Ici, même si ça peut choquer certains lecteurs, les souvenirs sont fait dans une optique de "recyclage" : les dents sont soit celles perdues par les alligators résidents, soit celles de ceux qui sont accueillis adultes et meurtris, et qui ne survivent pas à leur blessure. C'est une région assez sauvage, et le côté "recyclage" ne choque pas : même, il permet de financer une partie du refuge, pour qu'ils continuent de s'occuper d'autres créatures qu'on leur amène.
17h : retour sur Lafayette, nous passons par le Barnes & Nobles. Je suis toujours impressionné par le contenu de ce magasin, aussi bien au niveau des bouquins (ils ont une collection de bouquins à 700 pages, des compilations d'horreur, de contes, de récits lovecraftiens ou autres à 8$, ainsi qu'un gros rayon régional), mais cette année, je résiste ! Niveau jeux et goodies, tout geek serait aux anges, et Edouard s'achète quelques figurines Rick & Morty. Je vois au passage quelques figurines Dark Crystal à très bas prix, une belle surprise, mais je résiste encore. Je vais au rayon jeux de rôles (enfin, Gaming), et force est de constater que l'offre est très restreinte : on y croise surtout du D&D5 et du Pathfinders. Seuls My Little Pony RPG et Mousegard parviennent à se glisser entre ces deux énormes gammes. Point agréable : à notre entrée, nous sommes accueillis par un medley Zelda passant dans les hauts-parleurs, puis un autre medley Final Fantasy 7. Evidemment, j'aime ! En revanche, déception en partant : pas de livre francophone vendu ici (sauf un : le petit prince). J'espère que mon contact des tables françaises saura m'indiquer les bonnes librairies où on peut espérer distribuer quelques livres... Nous allons ensuite à Wallmart faire quelques courses, en affrontant la circulation de Lafayette, pas autant fournie qu'à la Nouvelle Orléans ou Bâton Rouge, mais très dense quand même. Nous rentrons ensuite chez Kyle, vers 18h30. Il y a concert à l'Artmosphere ce soir, mais nous décidons finalement de rester à la maison : j'en profite pour rattraper mon retard sur les billets du blog et envoyer les mails à mes différents contacts. Elizabeth, rencontrée mardi aux tables françaises, m'a répondu sur les Contes des Gardien des Hauteurs, qu'elle a apprécié, et m'en demande plus sur un éventuel projet de traduction ou relecture en anglais. Je commence à me dire que je vais me lancer sur la rédaction anglaise de Bretteur 1 et 2 (j'ai quelques idées de tournures, et je commence à avoir un niveau d'anglais franchement solide, ça peut être une bonne expérience) et que je passerai par une relectrice plutôt qu'une traductrice, ce qui me permettra d'accompagner mon texte aussi loin que possible dans sa transformation. Demain, nous rencontrerons donc Carr, du CODOFIL, au déjeuner (et j'ai un tas de choses à lui dire, un TAS), puis nous bouclerons les dernières choses à faire (librairies francophones, peut-être Jefferson Island, peut-être le FrogFest de Rayne qu'on nous a conseillé à Jennings, etc). Nous passerons donc une petite soirée tranquille à la maison, à nous faire la cuisine et nous détendre un peu.
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