dimanche 7 mai 2017

My Own Private Louisiana, roadtrip mai : S02E02

Quelque part entre 07h00 et 09h00, heure locale : nous nous réveillons à tour de rôle, je me rendors plusieurs fois, pour finalement être le dernier à me lever, un peu claqué de la route de la veille. Il faut dire qu'entre l'avion, pas de repas le soir, si ce n'est un dessert particulièrement bien équilibré (entre sucre, nappage, caramel et gaufre sucrée) apporté par le fils et la bru de la propriétaire la veille au soir, et quelques verres de Rougaroux (la bouteille de rhum achetée la veille à l'aéroport), on avait besoin de récupérer. Le programme de la journée est plus ou moins dessiné comme du papier à musique : on a l'impression de refaire un jeu vidéo en mode rerun avec full experience et full stuff, et Trello nous a bien aidé à nous organiser. On quitte la maison le matin avec un bon café (dosage français) dans l'organisme, et on part pour remplir nos objectifs. Bon, au passage, petite baignade du matin : c'est notre seul logement à être doté d'une piscine : on en paie le prix, mais ça nous aide à passer le cap entre la température française (bien pourrie à notre départ) et celle de Louisiane (fraiche par rapport à l'an dernier, mais bien plus élevée).



10h30 : nous arrivons à la Old Train Station de Schriever. Les seuls clichés ferroviaires que nous avions obtenus jusqu'ici pour Mississippi v2 étaient l'an dernier à Yazoo City, MS, et se limitaient à un simple chemin de fer. Nous arrivons à la vieille gare, à moitié encore en activité. Lorsque nous nous y garons, nous constatons qu'elle est encore occupée (j'y vois une porte ouverte avec plusieurs PC allumés à l'intérieur). Malgré mes multiples appels (par politesse et pour éviter un appel à la police), personne ne répond (j'avais prévu ma carte du Mississippi Department of Archives & History au cas où, en guise de preuve de notre bonne foi au cas où). Qu'importe, nous avons une pleine demi-heure pour réaliser plein de clichés. Je ramasse avec l'aide d'Edouard un énorme clou rouillé servant à planter les traverses en bois des voies ferrées : ça fera un souvenir original. Et nous faisons tout un tas de photos sans être inquiétés : c'est assez inespéré. Time to go to the next checkpoint.

11h10 : nous arrivons à l'Ardoyne Plantation, à Schriever. L'an dernier, nous avons fait pas mal de maisons coloniales, mais parmi celles que nous devons visiter aujourd'hui, celle-ci se distingue par son architecture particulière. En effet, passé le premier étage, nous avons 2 dépendances à l'étage aux toits très... pointus, avec une pente sur 3 étages, presque en mode clocher d'église. Pas de chance : aujourd'hui et demain, soit les 2 jours où nous restons du côté de Schriever, la plantation est fermée au public car les propriétaires y reçoivent de la famille. Et là, tout le talent de notre équipe version 2018 prend son sens : au culot, je vais négocier, et on nous accorde le droit de prendre des photos de l'extérieur. Je négocie, Guillaume filme, Edouard photographie, Fabien dessine. Mission accomplie, après une rapide discussion avec les très agréables (et jeunes !) propriétaires de la plantation, nous repartons.

12h30 : nous sommes en pleine perdition. Nous nous sommes garés à Houma, à Church Street, tout à côté du Duke, visité l'an dernier. Histoire de faire de la monnaie pour le parcmètre (là-bas, pas de ticket de stationnement, c'est 25cts de l'heure pour un maximum de 4h et chaque voiture a son parcmètre assigné), nous buvons un thé glacé au Downtown Jeaux, où nous croisons le Shériff local, et où je profite du wifi américain pour capturer mon premier Tauros sur Pokémon Go. Nous faisons ensuite découvrir à Fabien et Guillaume la subtilité de la cuisine américaine au snack lié au Duke, avec entre autres les Mac Balls, ces... boules de beignets frits de macaronis au fromage. Oui, oui. Ne nous jugez pas, ce n'est pas si mauvais. Après un repas très diététique, nous laissons la voiture sur place et marchons vers l'Est de la ville, en suivant le canal en direction de la Marina. Sur la route (où il faut passer tantôt à gauche, tantôt à droite, selon comment les bâtiments sont collés aux quais), nous croisons quelqu'un qui nous fait signe et qui discute rapidement avec nous. Il dit s'appeler Reggie Chaisson, surnomé Chout', qui parle un peu français. Très agréable au premier abord, et après nous avoir demandé 2$ pour boire une bière (si vous allez aux US et que vous êtes un peu sociable, vous croiserez assez souvent ces pseudo-hobos très sympathiques au demeurant qui vous donneront un tas de conseils et discuterons bien avec vous en échange d'un petit coup de pouce), on a un peu plus de mal quand il nous expose brièvement son discours de suprémaciste blanc, mode white trash (pour reprendre "The legend of the Wooley Swamp" du Charlie Daniel's Band). Mais qu'importe, la rencontre est brève, et nous marchons vers la Marina. Au final, petite déception, car par rapport à ce qui nous a été vendu, nous tombons sur un seul bateau à quai, et nous en croisons un autre au niveau du Terrebonne Parish Waterworks. Qu'importe, cela nous a fait la ballade digestive, et ce n'était pas du luxe.

14h30 : Au retour, nous nous arrêtons au Bayou Terrebonne Waterlife Museum. Le musée a l'air relativement modeste, mais le prix l'est tout autant (3$ par personne). Nous faisons la visite rapide, et Fabien s'amuse comme un petit fou à appuyer en premier sur les boutons déclenchant les animations multimédia de chaque zone. On y voit quelques trucs assez sympa sur l'installation des cadiens, la faune aquatique, les outils de l'époque. Fabien, à la sortie du musée, achète un attrape-rêve, peut-être dans l'espoir de dormir ce soir : en effet, la veille, troublé par des ronflements d'origine inconnue (certainement pas moi, probablement Edoaurd), il a dormi sur la terrasse du cottage de Schriever. Peut-être que son nouvel outil saura capter les esprits qui vibrent dans les narines de certains, en rit-on...

15h30 : après être rentrés à pied et avoir à nouveau photographié le monument du grand dérangement des Acadiens, nous nous rendons à l'Ouest de la ville, à la Southdown Plantantion - Terrebonne Museum. Là encore, cette maison de plantation est intéressante pour nous car elle change de toutes les autres que nous avions visitées jusqu'ici : elle est en briques, peinte en rose, avec les boiseries en vert, et est dotée de quelques tours (du circulaire dans les maisons coloniales ? rarissime !). Mais, là aussi : elle est fermée. Qu'à cela ne tienne, l'office est ouvert pour une heure encore. Après quelques mots et un peu de politesse, la secrétaire nous donne les pleins pouvoirs pour prendre toutes les photos d'extérieur que l'on souhaite. Victoire ! Nous rentrons ensuite à Schriever.

16h30 : Après avoir pris un verre rapide à la maison, Fabien et moi-même laissons Edouard et Guillaume à la maison, ceux-ci semblant plus intéressés par la piscine que par les courses. Et que je les comprenais. Après avoir cherché un Wallmart qui n'existait pas, nous nous rabattons sur un Dollar General où nous faisons quelques courses sommaires. Nous trouvons presque tout ce qu'il nous faut pour manger à pas trop cher en mode sandwiche, mais quand Fabien a le culot d'aller demander à la caisse s'ils ont des légumes ou de la salade, la caissière manque de lui rire au nez comme s'il avait demandé du café français dans un Starbuck. Nous repartons à Schriever, posons les courses et profitons de quelques petites longueurs de piscine bien méritées. Avec Edouard, nous sentons que cette année le voyage va être très productif, Fabien et Guillaume étant aussi dans une optique découverte et travail. L'osmose s'installe, nous bouclons notre programme quotidien assez rapidement, nous sommes mieux organisés, le groupe se goupille mieux, et tout se fait plus vite.

18h30 : Amy, notre propriétaire, doit normalement nous quitter pour aller dîner avec sa soeur. Je la rejoins rapidement pour lui poser quelques questions sur la restitution des clefs le lendemain, et la discussion s'éternise, cette dernière me demandant de régler des taxes liées à la location du AirBnB. Après vérification : AirBnB m'a déjà prélevé les taxes liées à la Louisiane. Amy me prouve par la suite que la paroisse (l'équivalent louisianais des départements) réclame une taxe supplémentaire, papiers à l'appui. Elle me propose de lui régler les 19$ supplémentaires, puis de déposer une réclamation sur le site pour manque de clarté (hey, on me dit que j'ai payé les taxes sur la Louisiane, pourquoi une nouvelle fois ?). J'accepte, à la seule condition que cela ne soit pas en cash mais par le centre de résolution AirBnB (la plateforme interdisant les échanges cash entre loueur et locataire, cela aurait fait mauvais genre pour une réclamation). En revanche, quand Amy me réclame 25$ de frais de nettoyage, je réponds qu'elle n'avait pas indiqué cela dans l'annonce originelle, et donc, pas annoncé : pas à payer. Je lui demande un balais pour le lendemain, et elle comprend bien mon point de vue. Je retrouve le groupe une petite heure après, Amy ayant une tendance très, très, très bavarde.

19h30 : nous nous retrouvons enfin en terrasse. Amy se joint à nous, nous discutons un peu, elle nous parle de son amour pour la langue française, langue qu'elle aurait voulu pratiquer, que son grand-père (francophone) aurait voulu qu'elle pratique, mais qu'elle ne sait pas parler aujourd'hui. Elle nous fait quelques trucs assez what-the-fuck (en mode "un-coke un-deux-trois-quatre-cinq-wine un-deux-trois-quatre-cinq-six-sept-huit-neuf-dix-supper" qu'on pense comme une espèce de comptine bizarre à la base), puis après quelques échanges (et l'offre d'un livre "les contes du gardien des hauteurs", ma carte de visite pour l'année), nous invite à boire l'apéritif chez elle. OK, qu'à cela ne tienne !

22h30 : nous sommes chez Amy depuis 3h. Fabien, Guillaume et Edouard se foutent ouvertement de ma gueule (en français dans le texte) par rapport à l'espèce de jeu de séduction qui s'installe entre Amy (quinquagénaire plutôt bien conservée) et moi. Elle nous a ouvert deux bouteilles de vin (un blanc pétillant, et un Chianti), puis en a commandé 2 autres à son fils. Elle propose de nous garder à manger. Nous avions parlé de 40.000 sujets tandis qu'elle cuisinait et nous resservait des verres. Alors que son fils et sa bru passent, nous attaquons nos copieuses et délicieuses assiettes, un peu embrumés par l'alcool, nous fumons quelques cigarettes en intérieur, tous nous parlent de la Laurel Valley Plantation de Thibodeaux (soit-disant hantée et à visiter de nuit même si c'est interdit, ce que nous déclinons, peu confiant à reprendre la route de nuit, comme passager ou comme conducteur). Puis, Amy, l'air de rien, nous demande 20$ à chacun pour "le repas et 2 verres de vin" : loin d'un apéro / repas amical entraîné par les discussions, tout cela (même si sincère) nous avait doucement amené vers une soirée dînatoire facturée par notre hôte. Bien joué. En même temps, le nombre de verres est sous-évalué, et la nourriture était bonne. Un peu de-saoulé par la manœuvre, cependant,  nous décidons de laisser Amy et de regagner notre annexe. Nous y finissons à plus de 1h, au prix du reste de la bouteille de rhum Rougaroux. Demain, nous avons du travail, ce soir, nous avons de quoi discuter. Et, surtout, demain, il faut quitter Schriever pour aller à Patterson...

And it was just the first day...

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