vendredi 26 mai 2017

My Own Private Louisiana, roadtrip mai : S02E22, 25/05/17

12h : la matinée n'a pas été trop productive. Je n'ai pas super bien dormi (déplier le canapé = erreur, j'étais mieux dans mon espèce de cocon quand il était plié), et Edouard a mal à l'oreille (on ne sait toujours pas si c'est une infection, une piqûre mal placée dans le creux de l'oreille ou un bouton). Finalement, je décide de laisser Edouard à l'appartement pour qu'il se soigne et je prends la route, seul, chevalier solitaire dans un monde dangereux, moi et ma Sonata, héros des temps modernes, nous nous rendons sur Vicksburg sans notre copilote favori.




13h30 : j'arrive au Old Court House de Vicksburg. Comme promis, je suis accueilli de pied ferme par Jordan, le directeur et l'historien local. Le second m'a préparé une petite sélection de livres, dont "une petite perle à posséder absolument vu votre sujet de recherche". Hic : j'ai déjà tous les bouquins cités, y compris le dernier cité (acheté l'an dernier à Yazoo City, "Mississippi Moonshine Politic" ; bon, au moins, j'avais du nez). Le directeur, bien gêné, me demande en quoi il peut m'aider. On cherche un peu, on creuse d'autres pistes, et il me sort finalement 3 bouquins :
- un gigantesque livre de cartographie de Vicksburg dans les années 20 : j'aime !  Une demi-heure après, j'ai photographié la bonne centaine de pages me permettant désormais de quadriller la ville
- l'équivalent des pages jaunes de l'époque : je fais une sélection (en mode "qu'est-ce qui peut servir dans un scénario ?") et sauvegarde un bon tiers du bouquin
- enfin, le plus petit mais pas des moindres : les mémoires d'un bootlegger local après la Prohibition. Parfait ! Comme "8 years in southern prisons", c'est un bouquin d'une quinzaine de pages, j'en sauvegarde l'intégralité avec la bénédiction du directeur.
Avant que je ne reparte, satisfait, ils me posent quelques questions sur le livre : je leur promets de leur donner des nouvelles sur les sorties à venir, ils me garantissent qu'ils seront à disposition pour me renseigner par mail si j'ai des questions supplémentaires. Deal !

15h : de retour à l'appartement, je récupère un Edouard plus ou moins remis sur pied, même si ce n'est pas terriblement folichon. Son oreille a l'air de valoir mon pied l'an dernier. Après avoir lancé une battée de lessive chez Mark, nous sommes prêts à nous remettre en route. Au programme : aller entre Natchez et Port Gibson pour photographier une ville fantôme, puis remonter sur Port Gibson pour aller photographier un vieux moulin à eau. Lorsque nous quittons notre rue, 2 carrefours plus loin, un automobiliste sort d'un commerce sur la gauche et passe sans regarder de mon côté. C'est une 2x2 voies : non content de me forcer à me rabattre sur la voie de droite (je tournais à gauche un peu plus loin, normalement), il se rabat encore sur moi, m'obligeant à piler et me mettre de travers pour ne pas lui rentrer dedans. Ohhhhhhhhhhhh, je sens que ça va être une bonne journée, les découvertes de l'après-midi ont intérêt à déchirer... (spoiler : elles le feront)

16h20 : après avoir un peu flâné sur quelques chemins (le relief dans le coin est magique, on est sur le chemin, c'est escarpé de chaque côté, 20 plus loin on a un mur de végétation sur la gauche, puis encore 20m plus loin on roule au niveau des cimes des arbres...), on arrive enfin à Rodney, MS. Enfin, Rodney... on arrive au croisement de 2 routes. En effet, Rodney n'existe plus en tant que tel, administrativement. La ville est morte, déserte, abandonnée, rayée de la carte depuis que le Mississippi a changé son cours et l'a précipitée à la faillite en avalant son port, qui faisait travailler les habitants du coin. Lorsque nous arrivons, les routes sont à moitié inondées, mais bien plus que la route prise il y a 2 semaines et demi en Louisiane. Et, ici, point de bitume sous l'eau : c'est de la terre, donc de la boue, et même si je suis bien tenté à plusieurs reprises, je ne prends pas le risque de m'embourber avec notre berline de location. L'an prochain : pick-up, définitivement. En attendant, la ville est merveilleuse dans son état mortuaire, et nous prenons des photos assez géniales, de la cabane désertée à l'église abandonnée, aux chemins avalés par les flots en passant par les vieux engins agricoles en proie aux zones marécageuses. Je le dis à nouveau : je crois que le meilleur moyen de masteriser dans une ville fantôme, c'est d'en visiter une : passer à Rodney m'a mis le cerveau en ébullition.

18h30 : satisfaits, nous arrivons à notre spot suivant. Le moulin à eau est situé à côté du Grand Gulf Military Monument Park de Port Gibson. S'il s'agit du même genre de parc qu'à Vicksburg... je me contenterai du moulin, j'espère juste qu'il n'est pas trop loin. Lorsque nous arrivons, la route juste après l'entrée du parc est inondée, à nouveau. Hmpf. J'espère que ça ne va pas trop nous bloquer sur nos recherches dans le coin (c'est vrai qu'il y a eu pas mal d'alertes dans le coin, on semble dans la zone la plus sinistrée -avec le relief et la végétation, on se croirait dans un mélange improbable de Normandie et de Camargue-). Du coup, on rentre dans le parc. Et là, banco ! Bien loin de ce à quoi je m'attendais, à peine entré, je vois une vieille église 19e siècle (j'apprendrai plus tard qu'il s'agit de l'ancienne église de Rodney qui a été déplacée), de vieilles cabanes d'époque, de vieux engins agricoles, des voitures des années 1920, un sous-marin monoplace de la Prohibition (putain ! rêve ! je l'ai trouvé, enfin ! en plus on apprend que, comme tout le reste de l'époque, il était poussé par un moteur de Ford-T, unique j'vous dis :D). On entre dans le parc, du coup. Ah, il est fermé depuis 17h. Qu'importe : on peut le visiter à n'importe quelle heure (wow) en échange d'un dollar à glisser dans une boîte (wow wow wow). Bon, bah, c'est parti. Après 20m, sur quoi on tombe ? Pow pow pow, le moulin à eau ! Et même une prison datant de la guerre de Sécession. Décidément, ce parc est épique. On photographie ensuite le vieux cimetière, Edouard prend quelques photos depuis la tour d'observation (hélas, elle ne dépasse qu'à peine la cime des arbres), on fait le tour complet (on constate qu'il y a des coins camping : assez sympa, avec le coucher du soleil). Mission accomplie.

19h30 : rentrer ? Ah-ah, c'est pour les faibles ! Sur le chemin du retour, au hasard d'un mec qui me collait un peu au cul, j'ai tourné sur la droite, puis Edouard a vu un panneau,  puis on a suivi, puis... Bref, on roule finalement pour tenter de rejoindre la rive du Mississippi en espérant trouver un coin sympa à photographier. On passe derrière le Grand Gulf Nuclear Generating Station (oui, on se croirait dans le bocage normand mêlé aux marais poitevin, mais derrière les arbres derrière les troupeaux, on a un énorme réacteur nucléaire -ça nous fait quelques clichés assez improbables), puis on arrive en bout de chemin... mais 4 petits vieux sympathiques en train de camper nous assurent qu'on peut continuer en voiture sans crainte, et qu'au bout, le décor est joli. Bon, ils ont l'air sympa : c'est parti. Nous arrivons devant un embarcadère, mais il est bloqué par deux gros blocs de béton, et l'eau est trop montée pour qu'on puisse s'approcher assez pour les enjamber. L'an prochain : pick-up, bottes en caoutchouc. Mais, au bout du chemin, on trouve finalement l'objet de nos envies : dans l'alignement du soleil couchant, une petite rive du Mississippi choupette comme tout. Pile poil le type de cliché naturel qu'il nous manquait. And now, it's done. Nous rentrons un peu après 21h, satisfaits par une journée qui termine mieux qu'elle n'a commencé (surtout pour Edouard).

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