Dans notre dernier billet, nous vous laissions en partant du DBA où nous avions fait un concert bien sympatoche le 4 mai au soir.
Pour rappel, voici le petit bilan des 3-4 mai :
Bien
- Le quartier de Marigny est bien le plus vivant et le plus sympathique
- En cas d'invasion de zombies, le Wallgreen est ton ami (mais moins que Decathlon)
- A Marigny, on dit "bonjour" et on sourit
- La Nouvelle Orléans doit être mieux lotie en bières belges que la plupart des villes de province française
- L'alligator ça ressemble à la version viande rouge du poulet
Pas bien
- Le French Quarter est parfois sa propre parodie, en particulier Bourbon Street, "touristique" dans le mauvais sens du terme, entre attrape-nigauds, semi-bordel et vie nocturne, au final, assez peu présente (sauf col-blanc au balcon de son hôtel de luxe)
- Si quelqu'un te parle de ton nom, de tes chaussures ou du beau temps sans être derrière le comptoir d'un établissement où tu es entré, envoie-le bouler et dit "non" quatre fois (grand minimum)
Fort de ce bilan, et pour les 2 jours qu'ils nous restent en Nouvelle Orléans (même si on y reviendra), nos 3 mousquetaires (Edouard et moi désormais rejoints par François) avons profité au maximum de la ville. Au programme, boire, manger, manger, boire, faire des concerts, faire des concerts, boire, faire des concerts, manger, faire du bateau, marcher, prendre le tram, et...
Jeudi 5 mai, 10h, Nouvelle Orléans
Après un café / clope / petit déjeuner rapide en terrasse, à câliner Charles (le gros chien de notre propriétaire), je tente de me remuer pour écrire l'article précédent du blog. Vu le temps que ça prend, on abandonne avec Edouard l'idée de mettre photos et vidéos aujourd'hui. Je finis par me faire enguirlander par François qui me dit qu'il a faim. L'article terminé, on se met en route en quête d'un bon resto, en prenant la Royal Street vers le centre ville, puis Bourbon Street (en se disant que, merde, quand même, il doit bien y avoir des trucs bien dans cette rue), mais on retourne finalement sur Royal Street, attiré par quelques lieux pour prendre des photos que nous n'avons pas eu le temps de prendre la veille.
Court of the 2 sisters, 613 Royal Street
Après plusieurs tentatives infructueuses pour aller manger en terrasses (on nous annonce 35-45 minutes d'attente à chaque fois), nous découvrons cette arrière-cour des plus sympathiques. On nous annonce un buffet créole à volonté pour 30$, ce qui nous paraît plutôt raisonnable vu l'endroit. Un cocktail plus tard, on se rue à tour de rôle sur le dit buffet, et force est de constater que ça en valait la peine. Ribs (avec une sauce des plus sympa mais que je n'ai pas retenue), canard, jambalaya, soupe de tortue, veau mariné, poisson-chat et bien d'autres, le tout sous un toit végétal près d'une petite fontaine, en écoutant un petit quartet classique mais toujours agréable. J'en suis sorti avec les organes qui frottaient contre les côtes tant j'ai bouffé (mais c'était bon, et il y avait plein de trucs).
Détail amusant : dans ce restaurant, tous les serveurs étaient tirés à 4 épingles (normal), mais en y regardant de plus près, on apercevait les dents en or, les tatouages au coin de l'œil, jusqu'au dos de la main ou encore sous les doigts, qui laissaient entendre que le personnel avait un certain vécu. D'un autre côté, ils étaient très sympathiques et chaleureux, ça les rendait plus accessibles (on a causé tatouages avec l'un d'eux qui était très fan de mes 2 adaptations de Mucha, et l'autre nous vantait la réussite de l'accent français auprès des femmes de son entourage).
Nous sommes ensuite redescendus vers les quais afin de réserver des places pour une croisière avec le Créole Queen, le Historical River Cruise. 28$ par personne pour 2h30 de traversée et d'explications, c'était plutôt correct, à première vue. Ah, et, à la liste de mes pseudonymes, on peut désormais rajouter "Sweety" entre "Honey" et "French boy". On booke pour 14h, arrivée pour embarquement à 13h30. On profite d'être sur les quais pour filmer à la Go Pro le chassé-croisé du Créole Queen et du Natchez qui se croisent en faisant un concours de sirène et sifflets, là où, vu de côté, on à l'impression qu'ils vont se télescoper.
Bourbon Street, round 2
Nous remontons vers Bourbon Street en empruntant Bienville Street. Cette rue est plus calme, très peu de commerces, et on se surprend à croiser des endroits quasi-désertiques en plein centre-ville, en particulier une artère perpendiculaire (entre elle et Canal Street) en travaux qui semblait sortie des années 30. Une fois sur Bourbon Street, on prend à gauche, ce qui nous évite de repasser devant le "Larry Flint's Hustler Barely Legal" et consorts (dans cette partie de la rue, le plus "dur" est passé, dirons-nous, c'était du coup un passage plus agréable que la veille).
Nous nous arrêtons au Jean Lafitte's Old Absinthe House (240 Bourbon Street), au croisement Bourbon / Bienville. Le bar est plutôt sympa (avec le gros comptoir central en carré qui occupe le centre de la pièce), la déco aussi (un tas de vieux maillots de foots US sont accrochés encadrés au mur, et des casques de toutes équipes sont accrochés au plafond), les prix sont corrects et la bière est fraîche. Par contre, j'avoue que côté toilettes, ça fait bizarre d'utiliser des urinoirs remplis de glaçons... Sur le chemin, en sortant, nous croisons une jeune femme sans haut, avec une fleur de lys peinte sur la poitrine (judicieusement placée pour masquer ses tétons). Lorsqu'elle se retourne, on voit un message dans son dos : "will pic' for tips". A Bourbon Street, tout se monnaie (sauf la belle vue, soyons francs, on en a profité un peu).
Nous nous rendons ensuite vers Canal Street pour passer au Radioshack (il faut que nous achetions un GPS pour la suite du voyage), mais sur la route, je m'arrête à la Cigar Factory (206 Bourbon Street) car on m'avait vanté les cigares de Lousiane faits main, et j'en avais parlé à plusieurs reprises dans des scénarios de "Mississippi". Pour un peu moins de 50$, je repars avec 10 cigares faits main (des Panatela) dans une superbe boîte en bois offerte, et remplie de feuilles de tabac pour tenir les cigares (la boîte est plutôt faite pour en accueillir une grosse vingtaine), et, petit détail mais pas des moindres, la carte des autres cigares et une boîte d'allumettes.
Au Radioshack, je trouve un GPS à prix accessible. François est surpris de mon achat, mais en fait, vu la durée de la location de la voiture, l'option GPS (qui était à 15-20$ je crois) revient plus cher sur la vingtaine de jours où on loue qu'un GPS neuf. Du coup, nous achetons celui-ci, prenons le formulaire de détaxe (le vendeur n'était pas au fait de cette démarche, on a un peu perdu de temps et il a fallu lui expliquer 2 fois, mais au final on s'en est sorti) et nous le revendrons lors de nos derniers jours à Lafayette.
Decatur Street
Nous embrayons ensuite vers la House of Blues (225 Decatur Street) car François avait eu vent d'une session Blues de 16 à 20h. Claque ultime lorsque nous y arrivons : nous parcourons une dizaine de mètres dans une impasse entre deux bâtiments assez hauts, avec des murs de brique rouge de chaque côté, et petit à petit, un toit de guirlande se met en place, une grande fresque Blues prend place sur le mur de gauche, et l'entrée de la House of Blues se découvre sur la route, une entrée aux allures de temple vaudou tout en bois et bariolé. Nous continuons encore un peu plus loin dans cette même impasse pour arriver au Voodoo Garden, la terrasse associée, étrangement calme pour le quartier.
Le show est assuré par un guitariste acoustique seul, mais surtout au début par sa plus grande fan, sa petite fille. Ca ne met pas le feu mais c'est plutôt sympa. Comme au restaurant le midi, on est plus posé en mode papa en buvant notre verre sur un fond musical que face à un vrai concert. ET SURTOUT, ELLE ETAIT FUMEUSE, LA TERRASSE ! *insérez une allégorie de la joie ici* Fun fact : la spécialité du chanteur semblait de demander qui n'était pas des US, demander d'où la personne ayant répondu venait, faire une blague incompréhensible sur le pays d'origine, rire un grand coup et enchaîner sur sa chanson. On y a eu le droit, on a toujours pas compris mais ça avait l'air rigolo alors on a ri (aussi pour faire plaisir).
Lors du paiement, la serveuse nous avait lancé un "Perfect ! 32$ for 32$ ! Perfect !", nous signifiant qu'on avait oublié le pourboire (pour rappel, c'est 10% minimum la pratique courante). Elle se radoucit aussitôt. C'était toujours plus subtil que la serveuse de la veille au soir, au DBA, qui m'avait asséné un "And how will I eat ?" "what ?" "How can I eat if you don't tip ! In america, we tip !" alors que, distrait et fatigué en toute fin de soirée, j'avais donné le compte pile. Décidément, c'est très perturbant au début, et si on arrive à prendre rapidement le coup, certains serveurs (et serveuses) sont très... réactifs pour signifier qu'il manque le pourboire (surtout qu'on aurait tendance à le donner à la fin, avec le pourboire variable selon la qualité du service, et pas à chaque verre commandé).
A la fin de notre verre, j'emprunte le téléphone d'Edouard pour profiter de sa connexion data. Et là, grosse surprise dans les mails : alors qu'on n'y croyait plus, on a une réponse officielle pour la mise à disposition d'un contact aux US qui nous aidera dans nos recherches pour la rédaction de Mississippi v2. Et ici, il s'agit d'une personne du Centre International de Lafayette, qui nous demande à quelle date nous serons dans les parages pour convenir d'un rendez-vous, parler du livre, de nos besoins, et nous donner ensuite les contacts qui vont bien, en fonction des thèmes abordés (folklore, criminologie, etc). Bon, on ne peut pas ne pas reprendre une tournée...
Jazz Café
En sortant, nous entendons un concert tout à coté, et nous allons donc au Jazz Café, sur le même trottoir et tout à côté (209 Decatur Street). Le bar est un peu vide, le groupe qui se produit nous accueille avec grand enthousiasme (voire ils nous débauchent dans la rue pour venir plus qu'ils ne nous laissent le temps de rentrer -on allait y venir, en plus !-). Ca commence à me faire réfléchir à la difficulté de percer dans le milieu musicale : grosse demande, mais offre peut-être encore plus grosse... Le groupe est composé d'un synthé, d'une basse et d'une batterie. Après un premier morceau un peu plan-plan, la chanteuse arrive et, avouons-le, donne une autre dimension. Pardonnez-moi l'expression, mais elle a une "voix de black", avec du coffre, grave, puissante et bien bluesy, et quand je l'écoute en fermant les yeux, j'ai l'impression d'entendre Koko Taylor dans ses premiers morceaux connus.
Les cocktails enchaînés commencent à sérieusement me déboîter la gueule, je me dis donc qu'il faudra attendre demain pour tester le Baron Samedi Old Spiced Rum histoire d'être raisonnable. Edouard, quant à lui, se dit que c'est le bon moment pour me payer un whisky, parce qu'être raisonnable, bon, voilà. Tant pis. Un peu avant 21h, sur les conseils de ce dernier, nous nous rendons au 21st Amendment Bar pour voir un groupe qu'il avait repéré mais qui ne m'avait pas marqué. Grand bien lui en a pris.
21st Amendment Bar
Nous arrivons au 725 Iberville Street et, de l'extérieur, le son est très bon ! Une fois rentré dans le bar, c'est encore mieux. Au programme, mitraillettes Thompson accrochées 2 par 2 au-dessus du comptoir, et nous commandons notre cocktail (un Frenchy pour ma part, le 3e manquera d'avoir raison de ma lucidité) face aux portraits d'Arnold Rothstein, Lucky Luciano et tant d'autres qu'on a vu évoluer dans la série Boardwalk Empire, le tout avec une rediffusion de Casino. Et, derrière, le concert (du rock-blues à ce moment-là) est une pure merveille ! Je découvre, ravi, les Caesar Brothers, qui mélangent sans scrupule et avec un talent monstre jazz, funk, blues, rock et même zydeco. On est parti pour s'échouer ici jusqu'à ce que mort s'en suive ou que concert se termine, et, à un moment, quand je commence à avoir des scrupules, ils interprètent une version bien à eux de "Iko Iko", chanson traditionnelle du carnaval de Nouvelle Orléans, aussi entendue dans The Skeleton Key ou Rain Man.
Pendant l'entracte, François et moi discutons avec l'un des frères, le claviériste, et nous putassons allègrement sur les banques (il y a des choses, comme ça, c'est universel, quelque soit la nation ou la langue). Edouard, pour sa part, est approché par la manager du groupe suite aux nooooombreuses photos qu'il a prises pendant la soirée. Encore 2h comme ça et il ne va jamais rentrer en Europe et finir roadie. Surtout que, lorsqu'on achète leur CD, on constate qu'ils ont une jaquette relativement dégueulasse, une impression sur CD pixellisée, etc, etc. Et là, on se dit "bordel, vu leur talent brut, si on leur filait un coup de main pour un minimum de mise en forme...". En chanson de fin, le groupe nous interprète un génialissime medley du thème principal de Treme by John Boutte vs Everybody need somebody des Blues Brothers (enfin, Solomon Burke, mais bon) qui met le feu à la salle.
Nos seuls regrets au final :
- m'être fait troller par mon magnétophone (il ne reconnaissait plus la carte SD)
- Edouard se faisant troller par l'auto-balance de son appareil photo (il a du utiliser des techniques de vieux sioux pour compenser)
Un taxi nommé désir (de rentrer se coucher)
A la fin du concert, les frères Caesar nous disent qu'ils jouent le lendemain sur Frenchmen Street, au Blue Inn, soit tout à côté de notre appartement. "Oh, zut". Bon, bah, on les reverra dans moins de 24h. François demande ce qu'on fait. J'arrive à l'amadouer à coup de cigares et de whisky en lui proposant le confort de la terrasse de l'appartement. Il mort à l'hameçon. Nous sortons (comme nous pouvons) et nous interceptons un taxi pour rentrer directement (on utilisera mes ampoules comme prétexte pour ne pas marcher, sinon, promis, hein, on rentrait direct et on marchait droit !). Lorsque le taxi arrive à hauteur de Decatur Street, un autre taxi se fout en biais en plein milieu du carrefour pour prendre 2 clients, manquant de provoquer un accident. Notre chauffeur s'arrête à sa hauteur pour l'insulter, et on les voit alors partir en joute verbale (en indien dans le texte) pendant 2 bonnes minutes. Je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire en pensant à Deadpool (ceux qui ont vu comprendront) (peut-être), et pour meubler, avec François, on décide de profiter de la barrière de la langue pour déclarer l'amour de notre patrimoine culturel. "Au nord c'était les corons" et "On dirait le Sud" se chantent à tue-tête, avant d'enchaîner sur un "The Wild Rover" jusqu'à être déposé devant l'appartement.
Après un passage sur la terrasse, nous allons nous coucher.
Enfin.
Enfin.
....
Vendredi mai, 10h30, Nouvelle Orléans
François vient dans notre chambre apporter les affaires (on n'a plus qu'une seule chambre le vendredi soir et on devra y dormir tous les trois) et nous dire de nous bouger le cul car on doit aller manger pour pouvoir être à l'heure pour la croisière sur le Créole Queen. Je réponds "maman, encore 5 minutes" car je ne suis pas des plus frais de la veille, que j'ai fait un premier réveil à 8h, mais qu'à 8h45 mon corps m'a soufflé à l'horaire que, oui, une heure de sommeil en plus, ou même deux, ce serait bien pour ma santé, surtout après une grande bouteille d'eau. J'annonce donc un mouvement social sur le blog : pas le temps. Un café, une clope, une pop-tart et une douche plus tard, on se met en route.
On décide de manger sur la route, du coup on profite de l'ouverture pour manger au Dat Dog. On nous annonce l'ouverture du balcon à midi, on commande une bière (bah ouais, LOGIQUE vu la soirée d'hier !!!) en attendant, mais on nous dit que, non, en fait, c'est 18h le balcon, on répond que, ok, mais on nous a dit midi, mais ce n'est pas grave on va manger en bas, on nous répond que non, si on nous a dit midi, c'est midi. Bon, euh, ok. La porte s'ouvre effectivement vers midi, mais c'est pour descendre un fût. On se tâte à commander en bas, mais on nous dit que c'est bon, on peut monter manger. Dont acte, accompagné par plusieurs familles. Quand on arrive en haut, le serveur nous dit que non, ils doivent finir de gérer les livraisons avant de commander, on répond qu'on nous a dit en bas que ça ouvrait à midi, il répond que putain non normalement la porte doit être fermée bordel, et là, le temps qu'il nous explique tout ça, il réalise que 4 familles nous ayant suivi se sont déjà installées à table. On a presque de la peine pour lui. Mais on mange quand même sur le balcon, et il retrouve son sourire. Chose rigolote : une pub "Not your father beer" est accrochée au mur... à côté de la TV où est diffusée L'Empire contre-attaque. Coïncidence ? I don't think so.
Voulant économiser mes jambes pour les prochains jours et n'ayant guère envie d'accumuler de la dette (j'ai du mal à reprendre les bons mouvements pour marcher en botte, j'ai des contractures de partout et quelques ampoules apparues de l'avant-veille), je propose de prendre le tramway (parce qu'en plus, disons-le, il est joli, le tramway), d'autant plus qu'il nous dépose juste en face de l'embarcadère du Créole Queen, et que du coup on sera bon niveau timing, ça nous permettra d'avoir de bonnes places avant que les groupes ne se ruent sur le bateau. Dont acte, et on embarque. Par contre, à noter avec le tramway en Nouvelle Orléans : c'est la monnaie tout pile ou rien (pas de pitié).
Croisière sur le Créole Queen
Nous arrivons au 500 Port Street et somme dans les dix premiers de la file. Effectivement, derrière nous, ça se rempli très vite les 5 dernières minutes avant l'embarquement. Un membre d'équipage, déguisé en soldat d'époque (on va ici parler de la bataille de Nouvelle Orléans de 1815), amuse les touristes. Charles, l'animateur du tour, vient également discuter avec nous, et rappelle au passage que la nourriture et les boissons de l'extérieur ne sont pas admises sur le bateau, ce qui contrarie un groupe de 5-6 touristes nord-américains. En discutant avec eux, Charles leur dit que pour boire, il y a plein d'autres endroits, mais pas Bourbon Street, "c'est pour les idiots". "Ah, on doit être des idiots alors", répond le touriste, vu qu'ils en venaient. "Si vous le dites, c'est que ça doit être vrai", répond Charles. A première vue, les locaux ne sont pas tous fans de la Bourbon Street, ça nous fait un point commun !
On finit par embarquer sur le bateau, ma foi bien joli, et on prend une place de choix à l'étage, vers l'avant, échappant ainsi au groupe de dizaines de gosses qui semblent se contenter de l'étage inférieur. On a la chance d'avoir Charles, l'animateur, à côté de nous pour la présentation. La première partie consiste à raconter la colonisation de la Louisiane, ses allers-retours entre la France, l'Espagne et les US, les anecdotes croustillantes qui m'avaient échappées. Par exemple :
- Pourquoi l'héritage espagnol à la Nouvelle Orléans se limite aux bâtiments ? Parce que les Français y avaient envoyé des femmes (pas toujours consentantes), et les espagnols, seulement de jeunes célibataires. Ces derniers, pour s'installer, se sont mis avec des françaises, ont du apprendre le Français pour les séduire, pour parler à leurs enfants, etc. La culture française, avec la langue, est restée d'une génération sur l'autre.
- Pourquoi un héritage espagnol sur les bâtiments ? Car les Français construisaient en bois, et entre l'humidité ou les incendies, c'était chiant. Les Espagnols, en récupérant la province, ont un peu tout rasé pour investir dans la pierre et la brique, d'où le style caractéristique des bâtiments qui constituent le French Quarter.
A la fin de la présentation, nous arrivons sur le site de la bataille de Nouvelle Orléans. Nous décidons avec Edouard de faire l'école buissonnière pour rester sur le bateau, afin de profiter du cadre pour prendre un tas de photo sans avoir un tas de touristes. Le bateau est quasi-vide, du coup, c'est parfait : nous le photographions de fond en comble. Nous apercevons Charles, qui nous dit que le bateau est un diesel déguisé en steamboat. La salle des machines est interdite au publique, à mon grand regret. Edouard tente un move plutôt malin et demande s'il est possible de voir la cabine du capitaine. Charles n'y voit pas d'inconvénient et nous dit qu'il va lui demander. Hélas, on apprend une dizaine de minutes plus tard qu'il refuse. Tant pis...
Au retour, Charles fait une nouvelle présentation, cette fois-ci sur Katrina, ses ravages et ses conséquences. On passe devant une école au toit bleu, qui n'a été ni détruire, ni rénovée, sorte de mémorial improvisé de cette catastrophe naturelle. La narration de Charles est parfaite, et le thème, lourd et dramatique. Tandis que nous remontons le fleuve, il nous explique étape par étape les ravages causés par la tornade. Avec, à chaque bilan : "and it was just monday" ; "and it was just tuesday" ; ... Cela nous fait énormément relativiser, surtout quand il explique la règle d'or en 6 mots : "keep an axe in your attic", garde une hache dans ton grenier, référence aux gens qui ont été récupérés sur leur toit après les innondations. Ceux qui ont été sauvés sont ceux qui ont pu se frayer une dernière issue vers le toit une fois que l'eau montait dans le grenier où ils étaient déjà réfugiés. Pour les autres...
Heureusement, quelques bons mots et calembourgs assez subtils ponctuent la visite, afin de s'alléger un peu. De plus, le temps est magnifique, nous avons pris un super bain de soleil pendant 2h30. Depuis que nous sommes arrivés, le ciel est parfaitement bleu, sans l'ombre d'un nuage.
Souvenirs :
- le Creole Queen crache à pleins poumons : https://soundcloud.com/christophe-tirodem-g-rard/130106-steamboat-creole-queenwav
- Charles nous parle de la Nouvelle Orléans : https://soundcloud.com/christophe-tirodem-g-rard/130106-steamboat-cruisewav
Concerts successifs
Une fois à quai, nous retrouvons notre vendeuse de la veille et utilisons les 5$ de réduction offerts avec le billet du Creole Queen pour réserver sur le Swamp Tour du lendemain. Nous nous dirigeons ensuite vers la House of Blues pour acheter quelques souvenirs (des t-shirts pour ma part), je tombe amoureux fous de la magnifique vendeuse (j'avoue, ça m'a fait plaisir de demander le formulaire de détaxe, ça me faisait un prétexte pour rester quelques secondes de plus à la caisse), puis nous nous arrêtons à nouveau au Jazz Café, attirés par quelques riffs bien sauvages.
Et cette fois-ci, vu que mon magnétophone refonctionne (comme ça, sans rien, pour rien), j'ai des souvenirs :
Hélas, je n'ai pas noté le nom du guitariste... si je retrouve, je mettrai l'article à jour.
J'en profite pour remettre quelques trucs enregistrés mercredi :
- quelques secondes au café l'Envie : https://soundcloud.com/christophe-tirodem-g-rard/130104-enviewav-1
- deux chansons interprétées par le groupe du Gazeba : https://soundcloud.com/christophe-tirodem-g-rard/130104-gazeba-1wav , https://soundcloud.com/christophe-tirodem-g-rard/130104-gazeba-2wav
Par le pouvoir des tatouages, je me retrouve à discuter avec un routard en béquille (pas François, un plus vieux) qui est fan de mes bras et qui commence à me causer un peu, mais pas en mode arnaque comme ceux des jours précédents. Il me montre ses tatouages (tattoos militaires typiques d'une certaine époque), me dit qu'il était des forces spéciales, etc. Après une cigarette (il s'était assis à côté pour écouter le concert), il me demande s'il peut me demander une faveur, et quand je lui dis "à voir", il me dit presque gêné que c'est un vétéran à la rue et qu'il voudrait un peu d'argent pour manger. Je lui lâche ma mitraille (faute de mieux, j'étais à court de cash), et il repart fin heureux et plein de gratitude avec à la soixantaine de cents que je viens de lui donner.
Après cela, nous reprenons le tram en direction de Frenchmen Street. Nous tentons un premier bar à la cour sympathique avant de retrouver nos amis des Caesar Brothers. Je n'ai pas noté le nom du bar, mais il y avait une guirlande de Yodas sur la barrière, et d'autres personnages peint sur les poteaux en bois. La serveuse, tatouée, lèvres bleues, cheveux bleux, demande directement son ID à François, qui sort son attestation de passeport. Mais non. Le patron s'en mêle : "oui, et, puis, hein, bon, on voudrait bien te servir, hein, on voudrait bien servir tout le monde, même, hein, mais si la police arrive, et bien la serveuse prend et toi tu n'as rien, alors maintenant on est bête et méchant, on veut un ID officiel ! Hein, quoi, c'est un ID officiel ? Et bien pas chez moi, parce que, vous savez, si on sert tout le monde, avec les mineurs, et...". Bon, allez, 'soirée, on se casse. Dire "non" suffisait. Ils ont surement du mal digérer un contrôle récent qui les a épinglés sur le fait accompli.
On passe devant le Blue Nile et on croise la manager des Caesar Brothers, qui nous salue. En attendant, on va manger au Café Négril, toujours sur Frenchmen Street, et on se fait péter le bide avec un Quesarito boeuf (si j'ai bien compris, c'est une quesadilla avec un burritos ; enfin, ce que j'ai compris, surtout, c'est que c'était fat et compact). Pendant qu'on mange, le groupe local joue : le Dana Abbott Band. François et Edouard apprécient peu, perso j'aimais bien, mais les femmes et le blues, c'est un mix qui me fait souvent craquer. Je repars avec quelques souvenirs :
Nous rejoignons enfin le Blue Nile après tout ça. Ce soir, les Caesar Brothers sont en mode Big Band : un saxophoniste et un joueur de washboard les ont rejoint. Je commande ma bière, j'ai tout juste le compte, je paie en disant que "pardon je tire tout de suite et je vous donne le tip's !", devant une serveuse relativement décontenancée qui me dit "pas de souci, un tip's, ça se mérite". Ca change.
Pour le concert, je vous la fais courte, allons à l'essentiel : il n'y a que 9 tracks sur Soundcloud correspondant à "Blue Nil Caesar Brothers", et ce sont les miennes, enregistrées ce soir.
Le deuxième concert m'a beaucoup moins plu, Edouard idem, François a en revanche adoré. Il s'agissait des Brass-a-Holic. Difficile d'oublier le nom, pendant les 10 premières minutes, ils rappelaient le nom de leur groupe au moins une fois par minute dans les paroles. C'était technique, très clean, mais à mes yeux sans âme (surtout après les Caesar Brothers). En plus les balances ont pris des ploooooooooooombes, ça a commencé à la bourre, ils réglaient le son en même temps qu'une espèce de vieil électro-swing passait sur les enceintes entre deux larsens... Mais comme je vous aime bien, je vous ai fait un bel enregistrement : je vous laisse seul juge de les aimer ou non.
Au final
Encore 2 jours de folie.
Plus les jours passent, plus on prend le temps de découvrir la vie à la Nouvelle Orléans, mais la vie quotidienne.
J'ai certes loosé : j'avais prévu de me séparer d'avec Edouard et François cet après-midi pour aller voir 3-4 musées, mais j'ai eu la mauvaise surprise de voir que la plupart d'entre eux fermaient à 16h, 17h au mieux, voire 14h pour certains. Mais bon, les musées seront encore là dans le futur, alors que les occasions de découvrir la vie quotidienne, ça, je ne le sais pas.
Plus les jours passent, plus on prend le temps de découvrir la vie à la Nouvelle Orléans, mais la vie quotidienne.
J'ai certes loosé : j'avais prévu de me séparer d'avec Edouard et François cet après-midi pour aller voir 3-4 musées, mais j'ai eu la mauvaise surprise de voir que la plupart d'entre eux fermaient à 16h, 17h au mieux, voire 14h pour certains. Mais bon, les musées seront encore là dans le futur, alors que les occasions de découvrir la vie quotidienne, ça, je ne le sais pas.
Plus ça va et plus le quartier de Marigny m'embrasse et m'absorbe.
C'était d'autant plus frappant d'y retourner après le Creole Queen et la présentation sur Katrina. On se dit : "malgré tout ça...", et les gens vivent. Durant le concert des Caesar Brothers, je me faisais la réflexion que leur musique dégageait une joie de vivre, une énergie positive assez folle, qui était reprise dans la salle de façon assez phénoménale. Quand, à un moment, on est sorti fumer une cigarette avec François, on a vu le carrefour de Chartres Street et de Frenchmen Street en pleine ébullition, avec un brass band d'adolescents qui mettait le feu -musicalement parlant-, les gens fêtaient, dansaient, riaient, c'était assez fabuleux. C'était même assez inspirant de se dire... enfin, je ne sais pas, j'extrapole peut-être, mais peut-être que ces jeunes peuvent s'en sortir grâce aux billets qu'ils récupèrent dans ce genre de soirées, où ils animent les rues, où ils font profiter de leur musique, où ils font danser les gens, et où les gens, sans qu'on leur réclame, vont spontanément déposer des billets, souvent 1$, parfois jusqu'à 20$, pour les remercier du moment de magie et de bonne humeur. Si c'est ça, c'est bien. C'est vraiment fucking bien. Quant à l'ambiance durant les différents concerts, c'était tellement plus relax, décontracté, décomplexé, à 100 lieues des soirées de branleurs élitistes et cyniques qu'on trouve régulièrement sur Paris.
Bref, je vais passer au casino, et si je gagne, je m'installe à Frenchmen Street.
Et si je perds, euuuuuh... on trouvera un plan B pour revenir. Souvent.
Sur ce, il est très tard ici, et nous devons retourner à l'aéroport demain pour prendre la voiture de location afin de descendre sur Lafitte.
Laissez le bon temps rouler !
Vu qu'Edouard râle, je précise que les photos sont les miennes (avec téléphone), on n'a pas encore eu le temps de trier les siennes. Voilà voilà ! (PS : ce message n'a pas été écrit sous la menace)
RépondreSupprimerAhaha! Sous la menace d'un Kinder ou qu'il comptait manger après Minuit? :D
RépondreSupprimerSinon le groupe au Jazz Café c'était Jeff Chaz.
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