Howdy !
Après ce dimanche un peu off, nous avons repris la route.
On arrive sur la dernière ligne droite, ça en devient de plus en plus déprimant. Du coup on fait tout pour concilier notre envie d'en profiter jusqu'au bout tout en préparant notre retour et le progressif retour à la réalité européenne, avec sa pénurie d'essence, ses manifestations et sa capitale à l'air vicié. Et, pire encore, le retour au boulot. Brrrrr, rien que d'y penser, j'ai envie de retourner à l'Artmosphere.
Si on résume de jeudi à samedi :
Bien
- Le Steve'n'Pat's Bon Temps Grill, restaurant de Lafayette
- La visite de la Avery Island, l'usine Tabasco (un peu), la Jungle Garden (beaucoup)
- L'avis de tempête à Lafayette et l'heure et demi passée dans le garage (oui, l'air de rien, c'était un peu rigolo)
- Le serveur du Carpe Diem qui nous parle français dès le matin
- La rencontre improbable avec le directeur du CODOFIL au Carpe Diem, qui bosse là parce que son bureau est inondé, et qui nous invite ensuite à aller directement voir notre interlocuteur dans ses locaux en face (alors qu'on ne le savait pas)
- Les chiens de Kyle, et de manière générale, tous les chiens que nous avons côtoyés durant notre séjour (et ça va être dur de ne plus en avoir une fois en France)
- Parler français avec les gens des Tables Françaises (Association France Louisiane)
- La déco du Blue Moon Café
- L'ambiance de l'Artmosphere Bistro (et le fait que notre table s'appelle "High Top French")
- La visite du Lake Martin en barque pendant 2h
- La soirée improvisée avec notre propriétaire AirBnB qui s'est terminée à pas d'heure
Pas bien
- L'avis de tempête à Lafayette (parce que l'air de rien quand on n'est pas habitué ça surprend le message à la télé)
- En France, y'aura plus d'chien :'(
- On arrive à la fin...
- 3 jours et demi de blog c'est chiant à rattraper
Pour dimanche, donc, on a plutôt décidé de larver et de rattraper notre retard. On le fera bref : on s'est levé à pas d'heure, on a rattrapé l'article de blog, on a sauvegardé les photos, on a préparé le programme du lendemain, on s'est fait une bière et une bouffe au Artmosphere et on est rentré se coucher.
Pour le lundi, en revanche, on a décidé d'explorer le Grand Ouest de la Louisiane :
- On est allé à Deridder !
- On est allé à Kinder ! (surprise)
- On est allé à Eunice !
- On m'a soigné le pied ! (encore)
- On s'est fait péter le bide ! (encore)
- On a fait des rencontres improbables ! (encore)
On the road !
Dimanche 22 mai, 11h00, Lafayette, LA
Rien, on dort. On récupère de la soirée de la veille.
Dimanche 22 mai, 13h00, Lafayette, LA
Toujours rien. J'ai ouvert un œil, mais c'était une mauvaise idée. On récupère de la matinée passée à récupérer de la soirée de la veille.
Dimanche 22 mai, 15h00, Lafayette, LA
Raisonnables et volontaires, nous décidons de nous lever. Dans une heure.
Dimanche 22 mai, 22h00, Lafayette, LA
Dans un élan de fulgurance, nous nous sommes levés vers 16h00, puis j'ai tapé mon article de blog et Edouard a transféré ses photos. On aimerait bien les mettre sur un NAS mais le wifi d'ici est trop pourri. On verra à l'hôtel de Nouvelle Orléans jeudi soir. On est passé à l'Artmosphre, c'était bon, c'était bien et il faisait un peu frais.
On voit pour le programme de la semaine à venir :
- Tous les musées sont fermés le lundi (meh)
- Toutes les plantations qui nous intéressent sont plus proches de Nouvelle Orléans que de Lafayette, et il serait plus pertinent de les faire jeudi sur la route avant d'aller rendre la voiture, sous couvert de se lever tôt (meh)
- J'ai déjà le seum de devoir penser à la fin de la semaine (meh)
- On avait parlé d'aller vers l'Ouest, au début pour aller voir une ville avec un nom rigolo dénommée Kinder, puis pourquoi pas la frontière texane ; si la frontière est un peu loin (meh), je trouve de quoi justifier le voyage jusqu'à Kinder et bien plus encore, grâce à la ville de Deridder qui abrite la Beauregard Parish Jail, surnommée la Hanging Jail, découverte pendant mes recherches et qui me donne furieusement envie de l'intégrer dans le jeu, donc de la voir (youhouhou)
On arrive donc à se faire un planning pas trop dégueulasse pour la semaine, tout en se laissant du temps de marge au cas où le CODOFIL nous recontacterait pour voir des personnes en particulier (je brûle des cierges et réalise des rituels vaudous avec mes canettes de bière pour qu'on obtienne assez vite le numéro du propriétaire de véhicules des années 20, je kifferai tellement qu'on puisse les photographier avant de partir). Finalement, la journée est plus productive en fin de journée qu'à son début. On se couche donc au plus tôt histoire d'être frais et dispo pour le lendemain : j'ai quand même 4h30 de route devant moi. Mais on ne dort pas vite pour autant : on se fait troller par la climatisation trop forte qui se met en marche tous les quarts d'heure (et encore, on a retiré la feuille de carton venue d'on ne sait où qui s'était bloquée dans l'aération). Je m'endors, je me réveille, je demande l'heure à Edouard qui jouait sur sa tablette, il me dit "8h...", je dis "bon, banco, j'ai bien dormi, ne traînons pas, on y va", il me répond "8h... en France, 1h ici, tu n'as dormi que 45 minutes" "ah, merde ; bon, tant pis". Finalement, le sommeil a raison du bruit de la climatisation vers 3h30...
Lundi 23 mai, 8h30, Lafayette, LA
8h30 du mat', j'ai des frissons, je me suis endormi sur le bras (et ça fait mal), j'ai de nouveau mal au talon (et ça fait mal), j'ai mal dormi (et ça fait mal). Le temps de se doucher, de petit déjeuner et de vérifier l'itinéraire, on embarque vers 10h. On fonce tout d'abord vers Deridder, à un peu plus de 2h de route d'ici. La route est longue et assez monotone, il fait chaud, j'ai sommeil et mon talon me fait mal : je vais sûrement devoir le retraiter comme la semaine dernière, j'ai une ampoule qui a du bien se cacher et qui doit mal mûrir. Je me dis que je ferai ça en rentrant, mais je finis par conduire en chaussette, le simple contact de la semelle me fait serrer des dents.
Lundi 23 mai, 12h30, Deridder, LA
Nous arrivons dans la petite ville de Deridder. Au programme : la visite d'une ancienne prison assez unique, la Beauregard Parish Jail, construite en 1914 (donc éligible pour le jeu), et surnommée la Hanging Jail suite à une sombre histoire de double pendaison de coupables d'un meurtre particulièrement violent. Lorsque nous arrivons devant, c'est un peu la déception pour Edouard : nous faisons face à des barrières de travaux de 2m de haut devant l'ancienne prison, idem pour le Clerk of Court... Pour le côté photogénique, on repassera. Néanmoins, ça permet d'apprécier ces deux anciens bâtiments, se les représenter dans l'espace, presque les sentir (on trouve un petit chemin derrière au niveau de 2nd Street qui permet d'arriver derrière l'ancienne prison gothique en plein cœur du centre ville), autant ça ne fait pas de belles photos à Edouard, mais pour moi, c'est du bonbon à imagination, et c'est déjà plus que pas mal. Nous retournons ensuite sur la 1st Street et passons au Cecil's Cajun Café, qui avait d'une part le mérite d'être assez joli, et d'autre part le mérite d'être juste à côté de la voiture. Et on a bien fait : le décor est sympa, les serveuses sont polies et souriantes, et enfin, la bouffe est terrible. Pour ma part, je mange mon meilleur Poo'boy depuis le début du séjour, le Cecil's Special (avec des frites de patates douces, ce n'était pas du chiqué). Edouard, quand a lui, se met une fois de plus la bouche en feu en mangeant un Tilapia préparé servi avec du Jambalaya (le bayou filet). En bref, on recommande vivement.
Lundi 23 mai, 15h00, Kinder, LA
Nous arrivons à Kinder. Pas grand chose à dire, si ce n'est qu'on est assez content de notre connerie, on s'est payé un détour de furieux juste parce que le nom de la ville était rigolo. Mais, après tout, n'a-t-on pas fait la même pour Abbeville la dernière fois ? Et, à peine à l'entrée de la ville, je trouve l'inspiration. Moi aussi, je vais me lancer sur une adaptation de Dungeons & Dragons 5 en l'adaptant à la sauce cajun (on y jouera des chefs de Louisiane qui devront préparer le meilleur Jambalaya en allant chercher leurs crawfishs dans des marécages hantés gardés par des fantômes confédérés) :
Boudin & Cracklins, bientôt dans toutes les bonnes crèmeries rôlistes
Lundi 23 mai, 16h00, Eunice, LA
On devait passer à Iota (pour le nom, aussi), mais là, je n'ai qu'une hâte : rentrer pour regarder mon talon et le traiter. Il nous reste moins d'une semaine aux US, ça me ferait chier de devoir y payer une visite de médecin à prix prohibitif en toute fin de séjour pour une histoire d'ampoule récalcitrante. Et on a déjà traversé 2 villes juste pour le nom : 3, c'est peut-être trop. On passe donc par Eunice, qu'on m'a vanté comme étant assez jolie. Après, malheureusement, c'est lundi ! Et lundi, l'un des points d'intérêt, le musée... bah il est fermé, ma pov' dame. Qu'importe, on est venu plus pour capter l'ambiance que pour traîner dans les musées (et on n'est plus à ça près niveau loupés sur les horaires de visite, depuis NoLa...), du coup on va voir les autres points d'intérêt de la ville. A savoir : la statue d'Eunice Pharr Dusson, seconde femme du fondateur de la ville, au style assez particulier (mais plus petite que ce qu'on nous vendait sur les photos) ; et, en face, le Liberty Center, un vieux théâtre - cinéma de coin de bloc de l'époque des films muets. L'un et l'autre sont très jolis (et le ciné a une jolie représentation d'un dessin d'Alfons Mucha en devanture ; depuis que j'ai une variante de l'Emeraude sur le bras droit et de la Poésie sur le bras gauche, ça me rend empathique, les représentations de Mucha), par contre, on a vite fait le tour, et quand on recherche d'autres choses à voir, on retrouve quasi-systématiquement ces 2 lieux, sans grand chose à côté. On prend ensuite un café au Café Mosaic voisin histoire que je recharge mes batteries (les routes sont monotones, heureusement qu'on a croisé quelques rizières -décor un peu nouveau dans notre parcours- histoire de changer un peu). Il faut juste qu'à un moment je dise qu'on ne comprend rien quand il annonce les commandes prêtes pour qu'il fasse un effort et articule pour celle d'Edouard sur un air un peu blasé (pour le coup, ça a vraiment plus l'air de la blase de bosser l'après-midi quand le café est rempli de lycéens que du mauvais service, mais c'est vrai qu'on n'y comprenait rien à ses "uccino 'ndé" mâchés pour annoncer un cappuccino grande). Bref, visite d'Eunice rapide. Sur la route, je crois comprendre que la ville est surtout réputée pour ses animations et festivités traditionnelles, choses qu'on peut difficilement avoir en venant à l'improviste. Qui sait, l'an prochain, peut-être... Et ce soir, en y regardant, on se rend compte qu'il s'agit aussi d'une ville qui a perdu 10% de ses habitants en 10 ans. Et pour cause, en 2000, un train rempli de produits chimiques déraillait dans le centre ville, obligeant l'exil de pas mal d'habitants (quasi un tiers) pendant plusieurs jours pour raisons sanitaires et de sécurité... On a l'impression que les villes du coin n'ont vraiment pas de bol, entre incendies, tempêtes, accidents, inondations...
Lundi 23 mai, 17h45, Lafayette, LA
On revient enfin à Lafayette et on passe au Walmart avant de rentrer à l'appartement, parce que j'ai besoin de deux choses totalement urgentes :
- un T-shirt de secours parce que je suis à court de linge propre et jusqu'ici les machines à laver de notre propriétaire AirBnB étaient pleines
- une holiday gift box Magic the Gathering Shadows on Innistrad, parce qu'elle est moins chère, qu'elle est déjà sortie, qu'elle est vendue en sortie de caisse et que je suis un geek
Ceci fait, on revient à l'appartement, je saute de la voiture, je jette tout et je bloque la chambre pour préparer mon pied. Comme la semaine dernière, encore une histoire d'ampoule infectée, mais cette fois-ci, l'ampoule est vraiment, vraiment, vraiment profonde et très, très (très !) douloureuse. Je vous passe les détails, mais j'arrive à tout sortir, à nettoyer et à traiter. Par contre, il va falloir que j'y fasse hyper attention pour que ça tienne la semaine (et lundi, en France, zou médecin pour contrôler ça). En tout cas, mon pied retrouve un visage humain (oui, c'est bizarre à dire comme ça, et pourtant) et la douleur au contact disparaît, c'est toujours ça de pris. Déjà qu'on doit préparer le retour de samedi en jonglant entre les potentielles grèves et les pénuries surprises de carburant (je ne vais jamais réussir à faire mon Paris - St Omer, j'en ai peur), si en plus je dois jongler sur un pied...
Nous partons ensuite pour le Blue Dog, que nous n'avons pas encore testé, mais qui nous a été chaudement recommandé, au 1211 Pinkhood Road. Et c'était très bien ! Pour ma part, j'ai failli mourir à l'aide d'un plat de la mer composite, le World Acclaimed Seafood Platter ("This sensational platter includes a stuffed crab, stuffed shrimp, fried oysters, catfish, shrimp, crawfish tails, and battered fries. A local favorite!", en gros du crabe farci frit à carapace molle, des huîtres frites, des crevettes frites, du poisson chat, des écrevisses...), puis Edouard risque aussi la mort avec son Chicken Bayou Teche ("Seafood stuffed chicken breast topped with our bacon rotel cream sauce. Served with dirty-dog rice, corn maque choux and vegetable du jour", bref, du poulet farci aux produits de la mer, il semblait ravi) suivi d'un dessert au chocolat de chocolat de chocolat (oui, c'était chocolaception dans son assiette). Le lieu est aussi une galerie d'art, avec la mascotte présente un peu partout (une tête de chien bleu stylisée), et chaque table a un verre avec des crayons gras, j'imagine pour dessiner sur la table, ce dont je ne me prive pas. Au menu, ce soir :
Pika à l'étouffée (with fries) sous le regard d'un Bulbizarre médusé
(oui, ne cherchez pas, depuis Maisons du Monde, je dessine des pokémon, déformation pro)
Ce qui, du coup, amène le serveur à venir discuter avec nous, d'abord pour nous demander d'où nous venons, puis pour nous demander comment on a organisé notre voyage, puis pour poser la véritable question : est-ce qu'on aime les pokémon. On discute 2 minutes, on confie nos inquiétudes et enthousiasmes sur Pokémon Go et il reprend son service. Anecdote inutile ? Pensez-vous ! Le dieu du Karma en avait décidé autrement. Les dessins ayant attiré le serveur, le serveur nous ayant demandé d'où l'on venait, et nous répondant qu'on venait de France, la personne derrière nous vient nous saluer. Cette dernière nous offre deux magazines écrits en français, le Travelhost - Sud de la Louisiane, dont il s'occupe. Il nous parle rapidement de son projet, nous du nôtre, nous échangeons les coordonnées et les numéros. Moralité :
- en Amérique, des fois, c'est l'Amérique
- dessinez des pokémon sur les tables des restaurants, cela peut vous ouvrir plus de portes que vous ne le penseriez
Je profite également du magazine (enfin, magazine, je n'ai aucune idée de où il se trouve normalement, il n'y a pas de prix, donc pas en kiosque j'imagine) pour relever les coordonnées d'un contact qui pourrait être très sympathique une fois le projet plus avancé, pour préparer un deuxième voyage : le Consul Général de France à la Nouvelle-Orléans, qui a une grande page centrale qui invite à consulter leur site et à les contacter. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
Fort de ces discussions imprévues, demain, nous resterons sur Lafayette. Au programme, visite locale (on a finalement eu très peu le temps de découvrir la ville où l'on loge) et petite visite au CODOFIL pour tenter l'accès à leur bibliothèque, afin de me constituer une bibliographie comme je l'ai fait pour le MDAH. Et, comme pour la dernière fois, histoire de bien commencer la journée : prendre un café au Carpe Diem, dieu sait ce qui peut s'y passer...
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