Après avoir passé la nuit à chasser la souris du Mississippi, il était temps de faire les valises pour quitter le Mississippi et rejoindre Lafayette. Pas mal de trucs à voir, moins à faire, si ce n'est rouler, rouler, rouler.
On repense, du coup, à tout ce qui s'est passé hier :
Bien
- Le musée B.B. King d'Indianola
- Les bayous en pleine ville d'Indianola
- La rivière de Leland près du musée Jim Henson
- Le Walnut's Street Blues Bar et l'accueil de son patron, Danny
- Le barbecue du soir auquel nous avons réussi à faire participer Eustace, notre hôte de Benoit
Pas bien
- La souris sauvage qui nous trolle à 3h du matin en fouillant les sacs plastiques à la recherche de nourriture
- Ne pas avoir le temps de passer une soirée au Walnut's Street Blues Bar
- Quitter le Delta
Aujourd'hui, au programme, on longe le Mississippi côté Louisiane, en empruntant un bout de l'Arkansas. Soit, en gros :
- Eudora, Arkansas, juste pour une chanson (voir ci-après)
- Oak Groave et Lake Providence, parce qu'on en parlait dans le bouquin de la première version de Mississippi
- Transylvania, parce que pour le nom, merde, quoi
- et enfin, Lafayette, où nous amorcerons la dernière partie de notre voyage
So, music !
Mercredi 18 mai, 11h30, Benoit, MS
Les valises sont bouclées (ça commence à devenir un exploit, heureusement que mon sac à dos est totalement vide, ça m'évitera les frais de surcharge à l'aéroport au retour), le sommeil est à peu près réparateur, la cabane est nettoyée, la voiture est chargée. En théorie, 5 heures de route nous attendent, mais vu les détours et les escales qu'on a prévues, on prévoit plutôt 7 ou 8, voire 9. Eustace vient nous saluer, ses chiens aussi. 10 minutes plus tard, il est temps de prendre la route. Le cœur un peu pincé, nous démarrons et suivons la 82 en direction de l'Arkansas. Nous traversons le Greenville Bridge et disons au retour au Delta et à l'état du Mississippi, en écoutant la compilation 4CD achetée la veille au musée B.B. King.
Anecdote à noter, pendant la nuit, que je me suis bien fait troller par les clefs de la voiture de location : ces dernières proposent une fonction "klaxon à distance" qui, et bien... la fait klaxonner en boucle tant qu'on n'appuie pas dessus une nouvelle fois. Et après ma chasse à la souris à 3h du matin, j'ai marché sur mon jean's, donc sur la poche, donc sur la clef, donc sur la touche. Vu le calme de la campagne voisine, je vous laisse imaginer combien d'habitants ont du sortir les armes en pensant à un vol...
Mercredi 18 mai, 13h00, Eudora, Arkansas
La vue du Mississippi depuis le pont de Greenville n'est pas top : encore une fois, les bordures sont malheureusement trop hautes (ou tant mieux, vu la hauteur et le grand bain qui pourrait nous attendre en bas). Par contre, le pont en lui-même est un sacré morceau, c'est impressionnant. Ce qui est impressionnant, aussi, c'est la manie des américains de faire des ponts, où, en même temps :
- ça monte
- ça tourne
- ça penche d'un côté
C'est assez perturbant pour une première, on se croirait dans un manège de fête foraine (c'est le genre de sensation qui vous fait dire que vous allez au fossé ou au talus, d'habitude, en voiture). Mais ça y est, nous sommes en Arkansas. On n'a pas grand chose à y faire, mais il aurait été dommage de ne pas y passer. Ce passage nous fait donc arriver à notre 4e état visité :
- L'état du Mississippi
- L'état de Louisiane
- L'état d'Arkansas
- L'état d'Ebriété
- (nous éviterons soigneusement la visite du 5e état, celui d'Arrestationà
L'Arkansas est vraiment très, très, très, très, trèèèèèèès rural. Nous n'y croisons pas grand chose, et notons seulement que la végétation et le relief semblent avoir changé dans cette région. On se croirait plus dans la campagne du Pas de Calais ou de Picardie qu'aux Etats-Unis. Les bâtiments, eux, délaissent les cabanes de bois : ici, on semble préférer la tôle, dans les campagnes. Et les églises. Beaucoup d'églises. Plein d'églises. Une tendance qui se confirmera sur la rive Ouest du Mississippi (pourtant, la partie Est était déjà pas mal, croyez-moi).
Nous arrivons finalement à Eudora, Arkansas. La ville n'avait pas été développée dans le jeu, si ce n'est par le biais d'un atout, "They caught the devil and they put him in jail in Eudora, Arkansas", officieusement élu "atout le plus long de l'histoire du jeu de rôle", mais qui ne sortait pas de nulle part : c'est Tony Joe White qui l'a mis en chanson, et c'était une des inspirations pendant la rédaction de la v1 du jeu. Le patelin est petit, on y croise peu de choses (sauf un snack à burgers sans fenêtres avec un grand panneau en bois "Come here, we're open !", mais, étrangement, Edouard était moyen tenté), et le GPS nous amène au centre (c'est-à-dire un chemin de terre dans les bois, normal). La visite est brève, nous en tirons quelques photos de bâtiments abandonnés, mais le temps n'est pas perdu : sur la route, l'inspiration me vient, et j'ai quelques idées que je couche sur papier (enfin, via Edouard qui m'envoie des mails cryptiques auxquels il ne comprend rien où je jette 3 mots clefs en vrac).
Mercredi 18 mai, 14h00, Oak Grove + Lake Providence + Transylvania, Louisiana
Bye-bye Arkansas (même si je doute qu'on puisse se revoir un jour, pas grand chose à y faire), re-bonjour Louisiana. Oak Grove et Lake Providence étaient 2 lieux évoqués dans le jeu, en particulier à cause d'une référence commune : la Stack Island, île sur le Mississippi voisine de Lake Providence. Je vous passe les détails, mais en gros, j'en parlais, donc j'avais envie d'y passer. Nous nous arrêtons à Oak Grove pour retirer de l'argent et manger au Cotton Pickin Country Kitchen, sobre et rustique mais efficace, avec des plats au jour le jour, donc on suppose des produits frais et des menus selon arrivage. Et c'est pas mal ! Nous repartons le ventre plein, après quelques photos du "centre historique" (comme Yazoo City, la rue principale), avec en lieux notables un vieux cinéma à l'ancienne (c'est assez rigolo de voir encore l'affichage à l'ancienne, sans affiche, avec les lettres noires posées sur fond blanc, mais voir annoncé "CAPTAIN AMERICA CIVIL WAR" ; assez anachronique).
Après un gros quart d'heure, nous arrivons près de Lake Providence, et nous commençons à le longer vers le sud. Nous faisons un, deux, trois arrêts pour photographier au vol pontons, rives et bras d'eau dans des coins particulièrement authentiques, et dans des styles que nous n'avions pas encore pu immortaliser jusqu'ici. Puis un quatrième arrêt à côté de la Byerley House Visitor Center, au croisement de Lake Street et d'Ingram Street. Pas tant pour la maison, ni pour aller y demander des conseils, mais parce qu'en face, on a accès aux rives du lac, et, surtout, SURTOUT, 2 superbes pontons de bois qui enjambent la partie marécageuse du lac et qui s'avancent vers les eaux claires. Le vent souffle (un peu), le pont bouge (un peu), nous sommes au-dessus du niveau de l'eau (pas mal), et ici et là, sous nos pieds, on entend que ça vit (beaucoup). Si l'on n'arrive pas à immortaliser les plongeons des tortues depuis les branches de bois mort, ni les rares et timides apparitions des alligators (et encore, avec la mousse qui recouvre la surface, on se demande toujours si on ne les rêve pas, ou, au contraire, si on ne se rassure pas en se forçant à ne pas les apercevoir), en revanche, on profite à fond du cadre et on mitraille de tous côtés.
Nous passons ensuite dans une petite ville, pour en rien y faire, MAIS. Cette ville, c'est Transylvania. Je voyais plus cela comme une région du centre-est de la Roumanie, mais rendu où on en est, plus rien ne m'étonne (après tout, à l'entrée de la ville, nous croisons bien un panneau Kirby Street). On y photographie un panneau d'entrée de ville, un château d'eau décoré d'une chauve-souris (ah, quand même, un retour aux sources), une vieille école abandonnée aux proies à la végétation (on se fait la réflexion qu'on croise quand même pas mal de bâtiments abandonnés, aussi bien privés que publics), puis on reprend la route, longue route qui nous attend. On en peut quand même pas s'empêcher d'éclater de rire devant le panneau "Transylvanian Baptist Church", en se disant que Dracula devait se retourner dans sa tombe. L'association n'est pas vraiment... évidente.
Pèle-mêle, sur le chemin :
- On a croisé un magnifique lac de carrière, et j'ai fait un U-turn assez cavalier pour pouvoir me garer à côté afin de le faire prendre en photo. Hélas, un panneau nous annonçait une surveillance policière et des rondes régulières. C'est tentant, maiiiiiiiiiiiiis... nous ne le photographierons que du bord de la route. Et pourtant, POURTANT !
- On est passé à Alexandria. Après Transylvania, plus rien ne m'étonne. Après tout, la semaine prochaine, on passera bien à Abbeville, et si on avait eu le temps, on aurait fait Paris et Athènes.
- On est enfin tombé sur une route à plus de 70mph. 75, cette fois-ci ! Je n'y croyais plus.
- On s'est fait la réflexion en discutant qu'on avait découvert d'excellentes bières, et il faudra qu'on vous fasse la liste d'ici la fin du voyage.
Mercredi 18 mai, 20h45, Lafayette, Louisiana
Nous arrivons enfin à notre logement de Lafayette, et je suis épuisé par la route (ils sont loin, mes 25 ans où je faisais du Cannes-Louvain la Neuve sur la journée avec seulement une pause café). Edouard et Vithou ont pitié de moi et déchargent la voiture pendant que j'agonise sur le siiiiiii moelleux canapé de notre logement (loin d'être dégueu : cuisine, grand salon et 2 chambres avec de très bons lits pour moins de 100$, alors qu'on est à moins de 10 minutes du centre ville en voiture). On a le plaisir d'apprendre qu'il y a une machine à laver et un sèche-linge, et on y va (même si on galère un peu avec les indications, et on n'osait pas ouvrir la porte de la clôture). On passe devant un autre appartement pour s'y rendre, on remplit la machine, on galère à l'allumer, et là, le locataire du-dit appartement sort, récupère son linge au séchoir et nous demande ce qu'on fait là. "Euuuuuh bah we want to wash our, euh, merde". Evidemment, c'est toujours pris au dépourvu que l'anglais vous fait défaut, et on ne s'attendait pas trop à être pris pour des voleurs de linge. Surprenant.
Nous retournons en ville pour dîner et découvrir. Nous faisons un premier passage devant le Blue Moon, qui a l'air d'être assez fabuleux : vendredi, cher bar, toi, Edouard et moi, on va s'expliquer (en plus, il y aura un live cover des Floyd, donc, bon). Histoire de faire plaisir à Vithou (qui veut du crawfish), nous allons au Artmosphere, au 902 Johnson Street. Le bar-restaurant dispose d'une terrasse assez énorme (une partie à l'entrée, une autre sur le côté en passant par la salle), et ce soir, c'est scène ouverte. La décoration est très colorée et bariolée, les musiciens qui jouent à tour de rôle sont plutôt très bons (à chaque fois en solo guitare + chant), et nous trouvons également une rareté : des gens qui ont plus de 22 ans et moins de 50 ans ! Nous mangeons rapidement (nous n'avons pas envie de nous faire voler notre linge qui tourne à la maison, il paraît qu'il y a deux voleurs de vêtements dans le quartier), mais nous notons l'adresse pour un retour rapide, d'autant plus que le personnel est très sympa (et on a eu notre premier bizutage avec une petite blague sur le système métrique alors que Vithou est perdue sur la taille des pizzas en pouce ; je l'attendais avec impatience, cette première blague !).
Demain, j'ai délégué le programme, je laisse Edouard et Vithou voir cela (c'est la dernière journée de Vithou avec nous, elle repart vendredi matin pour Chicago, du coup nous lui laissons relativement le champ libre tant que j'ai un semblant de grasse matinée pour récupérer de la route). Mais une chose est sûre : Lafayette a l'air très bien pour l'instant. Et de mon côté, je trépigne d'impatience de rencontrer mon contact du CODOFIL, d'autant plus que j'ai découvert un autre organisme, l'Alliance Française de Lafayette, qui organise des "tables françaises" (rendez-vous autour d'un café, d'un verre, d'une glace ou d'un repas) pour discuter entre francophones, natifs ou en devenir, ou simples passionnés de la langue française. Et, dans le tas, en dehors de touuuuuuuuuuuuuuus les lieux que l'on aura à visiter (notre liste est déjà pas mal longue, et à une heure de route aux alentours, je doute déjà qu'on ait le temps de tout voir), il faut toujours que je passe au Sword & Board pour vendre mon Archange Avacyn (carte magic, ça fera un petit billet pour aider pour la fin de séjour, ou sinon je craquerai et l'échangerai contre quelques cartes qui me manquent) et que je vois pour passer au Bikers Against Child Abuse Louisiana, un motorcycle club qui vient en aide aux enfants victimes de violences, chose que j'avais vue passer sur Knowyourmeme il y a quelques temps, et que j'avais trouvé très bien dans la démarche.
A demain !
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