vendredi 18 février 2011

"Jabberwocky" le manga, et autres oeuvres à la croisée des genres

Hier, j'ai lu un des mangas au synopsis des plus étranges. Allez, il faut que je partage ça :
"One of the Japanese promos calls it "Da Vinci Code meets Jurassic Park". I think that sums it up pretty nicely. It's got dinosaurs, spies, intrigue, action, and conspiracy, all rendered in lovely film noir-esque art with a little fan service cherry on top (Lily!). And for the slightly geeky, it's got cool (and sometimes obscure) references to art, literature, film, history, science... you name it. Definitely a manga for adults!"
Da Vinci Code et Jurassic Park ? Des espions dinosaures ? Un côté film noir ? De nombreuses références culturelles et littéraires ?
Damned. Entre ça et le thème du Jabberwocky, ma curiosité était piquée. Sans regret.

Mélanger le Da Vinci Code et Jurassic Park. Instinctivement, quand j'ai lu ça, j'ai tout de suite pensé aux romans de Seth Grahame-Smith. A savoir : "Pride and prejudices and zombies", "Abraham Lincoln, Vampire Hunter", et à deux autres du même style, "Sense ans sensibility and sea monsters" et "Android Karenina". Bref, un gros "what's the fuck ?" lié au mélange des genres improbables. Un peu l'effet steampunk, en bref : "tiens, on va prendre le décorum de l'ère victorienne, on va rajouter des voitures, des avions, des robots, des gatlings, mais tout marchera à vapeur, ça va être cool". Une application comme une autre du théorème de la "coolitude". Pour paraphraser une connaissance, le théorème s'applique ainsi : "un pirate, c'est cool ; un ninja, c'est cool ; mais si on fait un ninja pirate, sa coolitude ne sera pas égale à la somme des deux, ce sera une coolitude au carré". Attention cependant à l'écrasement de la coolitude : "un ninja pirate cyborg elfe dragon pokemon berserker finit par diluer sa coolitude et fait juste beauf".

Le véritable tour de force de ces quatre livres est d'emprunter véritablement le style des oeuvres d'origine (environ 70% du texte) et de leur postulat initial pour ensuite rajouter un élément de fantastique (zombies, chasse aux vampires, serpents de mer, robotique) pour donner une revisite totalement délurée, libre et savoureuse. Plus d'informations ici, pour les intéressés. Dans un autre style, mais dans la même veine, nous avions la chance de découvrir la saga Téméraire de Naomie Novik à partir de 2006. En pleine guerres napoléoniennes, nous suivons les aventures du capitaine Will Laurence, fier membre de la Navy anglaise. Postulat fantastique ? Lors de la prise d'une frégate française, l'Amitié, il découvre à son bord un oeuf de dragon. En effet, dans Téméraire, les dragons font partie intégrante de ce monde, mais aussi de la guerre. Bien loin des clichés éragoniens, les dragons ne sont pas une rareté, sont bien connus de l'humanité, ne sont pas tout puissant et sont utilisés dans des buts civils et militaires. Nous assistons donc, par la plume de Mme Novik, à de savoureuses batailles terrestres, navales, mais aussi aériennes, où dragons lourds et dragons légers s'affrontent, chacun ayant leur équipage complet attachés via des systèmes de harnais à leurs filets dorsaux et ventraux. Une saga assez exceptionnelle (4 volumes publiés en france, un cinquième aux states, un sixième en préparation) que je vous conseille autant que possible, bien entendu.
Disons qu'appreciant ces oeuvres, j'étais déjà dans le bon esprit pour attaquer Jabberwocky, au vu de son résumé. Première bonne surprise, à la vie des premières pages : le choix graphique. Si la réussite est parfois inégale, le manga se présente dans un style très Sin City-esque, qu'on retrouve assez souvent dans le comic, mais assez peu dans le manga. Rien de tel pour apprécier l'ambiance film noir. Rajoutez quelques plans et ambiances très western et vous obtenez des dessins très dynamiques et un rendu final atypique et relativement agréables. L'histoire, quant à elle, nous fait assez rapidement découvrir le postulat fantastique de l'oeuvre : les dinosaures n'ont pas disparu, ils ont évolué, sont devenus bipèdes et se sont cachés de l'humanité pour survivre, devenant les "Jabberwockys dans la forêt". Hantés par la cause de leur quasi-extinction, certains ont rejoint l'humanité et ont embrassé diverses causes scientifiques, comme l'astronomie, la chimie et la biologie. D'autres, eux, sont toujours tenus par leur droit d'aînesse sur ce monde et tire les ficelles de la politique dans l'ombre, quand ils ne tentent pas tout simplement de reprendre la domination du monde.

Les deux protagonistes de l'histoire sont Lily et Sabata Van Cleef. La première est une espionne, alcoolique, reniée par sa famille. Le second est un dinosaure, plus précisément un oviraptor, dont les descendants se nourrissaient exclusivement d'oeufs d'autres races, ce qui leur a valu une réputation de cannibales mangeurs d'enfants. La plupart de ses congénères ont été exécutés par d'autres dinosaures, et Van Cleef lui-même a eu sa famille exterminée par un chasseur allosaure aux allures de texans donc le vice était de dessiner des cibles sur ses victimes avant de les laisser courir. Van Cleef lui-même a eu son avant-bras droit arraché lors de ce petit jeu. Pistolero d'exception, et après avoir recruté Lily lors d'une mission en Russie, ils travaillent pour Chateau d'If, une organisation secrète spécialisée dans les faits étranges et les exactions de clans sauriens, exactions impliquant en général la révélation de l'existence des dinosaures ou des bouleversements de la religion et de la science. 

"Jabberwocky" n'est pas une oeuvre sans défaut (le premier volume peine un peu à trouver son style graphique, les scènes d'action sont parfois brouillonnes), pourtant, son ambiance sombre et fantastique est très prenante. Malheureusement, l'oeuvre est trop meconnue (je suis vraiment tombé dessus par hasard) et il m'est difficile de vous donner des informations supplémentaires à son sujet. Trois volumes semblent sortis à ce jour, mais visiblement, encore rien de notre côté du continent. Je laisse aux plus malins le plaisir de retrouver les dits volumes via une recherche rapide sur internet...

J'en profite pour conclure par un petit coup de pub pour mon camarade Yoh et son blog. Lui aussi adepte de ce style graphique, il m'avait fait quelques illustrations et une maquette aux petits oignons pour Dogson's Creek, de même pour Mississippi.

3 commentaires:

  1. Dans le même genre tu le roman "La Lune seule le sait" de Johan Heliot parut il a quelques temps aux édition Mnémos et depuis en poche.
    Une histoire où les extra-terrestres ont débarqué et se sont alliés à l'empereur Napoléon III, où Jules Verne et Victor Hugo ont monté des réseaux de résistance et où les prisonnier sont envoyé quelque part sur la face cachée de la Lune.

    Moi j'avoue être amateur plus que ponctuellement quand il y a à ce point autant de fantastique.
    Je préfère des œuvres comme Zipang : une cuirassé Japonais des années 2000 à la pointe de la technologie se retrouve après une tempête au large du Japon de la seconde guerre mondiale, l'équipage ne sait alors pas s'il doit ou non intervenir d'une quelconque manière.

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  2. Ca date de quand, Zipang ? Ca fait sérieusement penser à "Nimitz, retour vers l'enfer", quand même oO

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  3. Oui c'est le même esprit, mais coté japonais (ce qui est moralement plus problématique pour eux aussi) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Zipang

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