Tout d'abord un grand merci suite au dernier message de ce blog : les différents encouragements reçus ici, par mail ou sur facebook m'ont fait le plus grand bien. Après ce grand passage à vide, il était effectivement difficile de se remettre en selle. Mais ce n'était pas tant sur l'accueil que je m'inquiétais : je n'attendais pas grand chose, en fait. Aussi, voir vos messages m'a fait très plaisir, et si pour l'instant je fais encore défaut au rendez-vous posé implicitement, sachez que ce n'est pas oublié. A l'image de ceux qui m'ont proposé leur aide pour voir enfin arriver Mississippi 2, sachez que je finis de régler 2-3 petites choses et je m'y atèle ensuite ;)
Pour faire un peu de teasing pour reprendre le blog (j'avoue, ça fait quelques semaines que je songeais à écrire une note mais ma procrastination était juste trop forte) :
- un peu de news sur l'auto-édition de "La légende du Bretteur qui se battait pour un petit pois"
- un peu de teasing sur les choses à venir
- quelques nouvelles de tous les jours
- un petit texte qui traînait à l'abandon sur mon disque dur, "La fable des cueilleurs, des hobos et des pommiers récalcitrants"
Alors, pour faire dans le désordre, déjà. La ville, ça commence un chouïa à me gonfler :( moi qui était si motivé à emménager en début d'année dans mon petit appart sympa de la banlieue lilloise, au milieu des arbres et de la verdure, j'ai en fait assez vite déchanté. Sans donner trop de détails pour ne pas lancer de débat ou de donner corps à de mauvaises interprétations, on va dire, pour faire court, un vol de téléphone à l'arrachée et un début d'agression par quelques jeunes branleurs, ce à deux pas de chez moi, ce qui m'a un peu mis hors de moi. Mais bon, c'est la vie, pas de casse ni bobo, juste un bout de bakélite high-tech et un peu cher qui a du finir vendu sur leboncoin le lendemain. That's life :'( Ca donne juste d'assez violentes envies de vivre à la campagne, mais, pour l'instant, ça ne reste qu'un lointain projet (j'ai intérêt à bien réussir ma réorientation pro si je veux pouvoir quitter les grandes métropoles). Mais ceci mis à part, une visite médicale plutôt positive qui invite à continuer la tempérance (sic) mais qui est plutôt positive (je n'ai plus le cœur d'un quinquagénaire désormais : tout juste d'un quadragénaire !). Un bon début j'imagine, même s'il n'est pas toujours facile de se ranger, se calmer, chasser l'inspiration nocturne qui murmure jusqu'au petit matin...
Du coup, j'ai commencé à m'y remettre doucement. Ecumer l'après-midi les terrasses ensoleillées de Lille (autant vous dire que vu notre printemps merdique, j'ai fait ça à peine deux week-ends), prendre des notes ici et là, aller titiller un peu la muse... J'avais quelques bousins sans grande prétention dans la besace, du coup :
- Une petite nouvelle inspirée de l'univers de Cthulhu dans des 70's un chouia dystopiques et totalitaires, après une élimination sanglante du mouvement hippie 60's, où la musique rock devient underground et la culture bridée. En gros, imaginez que Jimmy Page, plutôt que d'acheter le château d'Aleister Crowley en Écosse (fait divers véridique), rachète une modeste demeure construite sur une ancienne ziggurat au Moyen-Orient et découvre ainsi le Nécronomicon. "Sous les pavés, le Mythe" avec une jeunesse perdue préférant jouer avec le feu des grands anciens plutôt que de se laisser écraser par un gouvernement répressif jouant avec le nucléaire, les murs recouverts de "Cthulhu, délivre-nous", les manifestations et actes de rébellion sur un fond de "Stairway to R'lyeh"... Bref, une nouvelle courte, pour l'instant juste quelques idées au brouillon, faudra que je m'y mette.
- Un petit système de règle JDR pour permettre de jouer à Magic the Gathering dans l'univers de Ravnica et de faire de l'adaptation facile de carte vers PNJ, un petit système de gestion de mana et de couleurs et une petite palanquée de pistes de début d'intrigue (le système des 10 guildes de Ravnica est quand même assez inspirant pour ça)
- Et toujours voir pour la sortie de Bretteur en auto-édition. Bon, là, il est fini d'être écrit (évidemment), mais ça demande beaucoup d'imagination, de concevoir les offres Ulele, les devis imprimeur & co... Je me laisse presque submerger (ou alors est-ce ma procrastination naissante qui revient au grand jour ? damned).
"...and then everything got intense"
Comme ça, sans prévenir, et au prix de quelques nuits, toute ma tempérance est un peu retournée dans sa tombe et j'ai pondu assez rapidement "Les courtois compagnons des ombres", et des plans au brouillon pour "Les petits maîtres de la Lune" et "La cité des foliesophes". Plus que de réelles suites, ce sont plutôt des contes à héros récurent. Bon, on verra ce que ça donne... Mais, avec ou sans édition, reprendre un projet et le boucler assez rapidement, être baigné dedans quasi 24/24 (moins les heures de boulot, hélas, il faut bien manger) m'a fait le plus grand bien et m'a remis le pied à l'étrier. Ne reste plus qu'à combiner ça avec le côté "sage" demandé par mon médecin et tout ira bien.
Mais, du coup, en fouillant mon disque dur, je suis retombé sur ce texte de l'an dernier, écrit alors que j'étais justement en arrêt maladie. C'était là-aussi quelque chose d'écrit par pur plaisir, et, pour la petite histoire, une petite transposition d'une situation de boulot, entre d'anciens patrons et de courageux intérimaires pas vraiment considérés à leur juste valeur. C'était à l'époque parmi les premières personnes dont j'étais responsable, et si, le temps allant, le rapport hiérarchique, les turnovers dans l'équipe et bien d'autres choses ont un peu cassé la relation avec eux, c'est avec une émotion certaine que je suis retombé sur ce texte que je leur avais dédié.
Du coup, je me suis dis, plutôt qu'il pourrisse au fin fond d'un répertoire poussiéreux.. Allez, un p'tit coup de blog.
Bonne lecture à tous et à la prochaine, avant 6 mois, promis ^^
L’histoire des
cueilleurs, des hobos
et des pommiers récalcitrants
Il était une fois
un champ ensoleillé, dans lesquels poussaient de grands et beaux
pommiers.
Les fruits de ces
derniers étaient un peu acides, un peu comme le goût qu’ont
certaines pommes à cidre. Ceux qui en avaient fait à partir de ces
pommes s’étaient tous réveillés avec une barre au front.
L’alcool était produit avec une force brute, un peu comme celle
qu’on trouve dans les mauvais whisky.
Ces pommiers,
disait-on, étaient récalcitrants. De leurs branches feuillues, sous
l’excuse du vent, ils donnaient comme des gifles aux cueilleurs
imprudents. Ces derniers, malheureux, y trouvaient bien leur peine,
mais certains, parmi eux, les préféraient aux chênes. “Plutôt
qu’un tas de glands, je préfère être un homme, que vaut une
claque ou deux ? J’irai cueillir vos pommes”.
Et ainsi, quelques uns, contre un franc ou deux, affrontaient chaque
matin les arbres impétueux.
Car les pommiers,
grognons, étaient en fait bonhommes, et chaque jour devant Dieu, il
y poussaient mille pommes. Les cueilleurs, au début, étaient bien
suffisants, mais, bientôt, fatigués, finirent les bras ballants.
“Me prendre des coups de branches est
une contrariété, mais au vu des cueillettes, notre travail est bon
; mais il m’est très amer, et vous le comprendrez, de laisser les
pommettes pourrir jusqu’au trognon”.
Pour aider les cueilleurs, on fit passer le mot. Et, après quelques
heures, vinrent plusieurs hobos.
Ces vagabonds rieurs étaient là de passage, tous de bonne humeur,
et de différents âges.
Les cueillettes
reprenaient au rythme des branches giflantes, et tous étaient payés
sur les fruits de la vente. Les pommes étaient acides et pas des
plus jolies, mais c’en était assez pour nourrir des familles. Et
les hobos
restèrent plus longtemps que prévu, et si bien qu’à l’hiver,
chacun était connu.
Parmi tous les
cueilleurs, certains se lassaient bien : c’était un dur labeur qui
fatiguait les mains. Forts de leurs ambitions, eux qui voyaient plus
grands, ils quittèrent alors les arbres récalcitrants. Plus de
gifles, plus de claques, seulement la renommée, suffisamment assez
pour duper les fermiers. Ils partirent dans les champs, allèrent aux
oliviers, et ainsi, au printemps, virent les beaux jours couler.
Les cueilleurs qui
restaient près des pommiers violents gardaient une bonne image des
camarades d’antan. Avec leurs hobos,
ils cueillirent par tous temps, essuyant les assauts des arbres
récalcitrants. Mais si bien qu’à la fin, à la force du savoir,
ils évitaient, malins, les coups de branches dans la poire. Quand
arriva l’été, dans la plus belle humeur, les hobos
adoptés continuèrent leur labeur. Eux qui souvent marchaient
direction les quatre vents s’étaient enfin trouvé une place parmi
les gens.
Mais l’automne
arriva et avec les feuilles mortes s’installa un grand froid et une
amertume forte. Les cueilleurs qui s’étaient octroyé du bon temps
étaient tous revenus aux arbres récalcitrants. “Nous
avons travaillé sur ces pommiers, antan, mais, et c’est un grand
fait : nous revoilà contents. Partez, hobos,
partez, et allez voir ailleurs : nous allons maîtriser tous ces
arbres joueurs”.
Rendus tous
arrogants par les cueillettes faciles, les cueilleurs revenant ne
furent pas très subtils. S’approchant d’un pommier sans prêter
attention, ils se firent vite moucher par un arbre mignon. Les
branches fustigèrent les joues des présomptueux, si bien, que de
pommes, ils n’en cueillirent que deux. “Que
ces mauvais pommiers font donc dans ces champs ? Il faudra les couper
et en faire du bois blanc”. Mais
comme ils se plaignaient, hobos
comme cueilleurs continuèrent sans broncher leur tâche et leur
labeur. Parmi ceux qui étaient restés tout près des arbres, de
l’hiver au l’été, travaillant sans palabres, nul parmi eux ne
fut frappé par les pommiers.
La morale de la
fable des arbres récalcitrants, c’est qu’un hobo
affable et à l’air indigent est parfois bien plus fiable qu’un
odieux arrogant.
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